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À LA MAISON – « EVDE »
Par Engin Akyürek

« Kafasına Göre », #42,
Edition : Janvier – février 2022

« J’ai l’impression de t’attendre depuis longtemps… » C’est ainsi que commença la relation entre Sinan et Eda. Sinan prononça cette phrase avec une telle sincérité qu’il la conservera à jamais en son âme, sur son visage, et avec tout l’amour qu’il ne cessera d’exprimer. Qu’était-il arrivé ? Qu’est-ce qui avait changé ou était resté en suspens, pour que, avec le passage du temps, un nuage sombre s’abattit sur leur relation ? Les gens disent parfois : « il n’y a rien que l’on puisse faire si ce n’était pas écrit dans les astres ». Peu importe ce qu’ils peuvent bien affirmer, au plus profond de lui-même, il voulait être capable de guérir sa blessure sans avoir recours à aucune aide. Était-ce à cause de l’amour plus intense qu’il lui portait ou parce qu’Eda lui cachait son amour ?… Une union cahoteuse, stagnante, souvent en dispute au sein du foyer, tous ces signes semblaient indiquer qu’une relation en péril était sur le point d’émerger. Après un temps, l’un blâmant constamment l’autre, la relation était devenue si conflictuelle qu’il valait mieux que chacun aille de son côté. Si au moins l’un d’entre eux avait pu se taire au cours d’une querelle, tout aurait pu rentrer dans l’ordre, et ils se seraient rappelés combien ils s’aimaient. Mais non, ils s’étaient tellement habitués à adopter des attitudes destructives dans leur relation qu’ils en avaient même jusqu’à oublier leur nature et leurs sentiments… En dépit des conseils d’amis, ou même des remontrances ayant pour but de les rappeler à l’ordre, rien n’y avait fait, et ils avaient continué vers la trajectoire d’une relation blasphématoire et condamnatrice.

L’idée de la séparation trottait dans la tête de Sinan depuis longtemps, mais il ne pouvait pas se résoudre à l’idée, ou plutôt, c’était une excuse pour ne pas mettre son plan à exécution. Cela faisait presque deux ans qu’ils vivaient ensemble. Ils allaient mettre un terme non seulement à leur relation, mais aussi à leur vie commune et à leurs habitudes. Bien qu’ils aient discuté à maintes reprises de leurs disputes, ils n’arrivaient jamais à les résoudre. Sinan avait compris qu’il ne pouvait pas invoquer leurs disputes comme raison valide de séparation. Chaque fois qu’il parlait de leurs problèmes, il disait que leur relation était malsaine et sans issue. La conversation se terminait toujours par des embrassades et des larmes et n’aboutissait à rien sauf qu’elle permettait de panser un peu plus les plaies ouvertes. Sinan était déterminé, mais l’année dernière, il n’avait pas réussi à rompre avec sa bien-aimée et cette situation le rendait encore plus nerveux.