8. «Sancar Efe – La renaissance d’une légende» / «Sancar Efe- the Legend is Reborn»

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8. «Sancar Efe – La renaissance d’une légende»  / «Sancar Efe- the Legend is Reborn»

Version Française 👇

«Sancar Efe – La renaissance d’une légende»
Par Navid Shahzad

« La lumière vous pénètre par vos blessures » dit le Mevlana. C’est ainsi que la lumière pénètre Sancar. Mais d’abord, attardons-nous un peu sur la mère et la fille, paniquées, qui fuient vers la « patrie » avec la promesse que l’enfant rencontrera son père. D’ailleurs, elles sont magnifiquement représentées par la charmante Neslihan Atagül Doğulu et la merveilleuse Beren Gençalp. La détresse de l’enfant et la tentative désespérée de Narê de s’assurer que sa fille sera entre de bonnes mains avant son arrestation soulèvent plus d’une interrogation. Pourquoi, par exemple, a-t-elle caché la naissance de l’enfant à Sangar, son père biologique, pendant tant d’années ? Ce sera une blessure de plus qui s’ouvrira pour Sancar lorsqu’il affrontera sa bien-aimée. Aussi, pourquoi perd-elle délibérément du temps à la fontaine qui borde le chemin qui les mènera tout droit à Sancar, surtout si elle sait que le mariage est sur le point d’être célébré ? La réponse à la première interrogation est qu’elle a été forcée par son père et le sordide Akin à garder le silence, surtout depuis que Çelebi s’est déclaré officiellement tuteur légal de l’enfant. Le père et le violeur sont à présent tous deux convaincus que Narê ne quittera jamais le bébé pour aller auprès de Sancar, même si elle en meurt d’envie. La réponse à la seconde interrogation réside dans la tentative désespérée de Narê de laisser sa fille à un père marié afin d’assurer que Melek soit accueillie dans une vraie famille avant qu’elle ne soit arrêtée pour meurtre.  

Mais par chance, elle arrive au moment exact où elle entend Sancar, après un long silence d’hésitation, accepter Menekşe comme épouse. Préparée ou pas, la réponse la foudroie, et elle s’évanouit peu de temps après. Un scénario de qualité exige que les situations soient révélées progressivement, car cela permet de maintenir le suspens. Alors disons que Sefirin Kizi a un très bon scénario. Etape par étape, le passé refait surface, comme une bobine de laine qui se déroule à toute vitesse. Alors que nous avons droit à plusieurs passages rapides du passé douloureux de Narê, nous ne sommes témoins que d’un échantillon de la souffrance de Sancar. Le voyage fatidique au Monténégro lui laisse une si profonde blessure qu’il ne peut survivre qu’en se repliant sur lui-même. C’est ainsi que ses plaies s’infectent, deviennent gangreneuses et empoisonnent son cœur—à tel point qu’il rejette l’amour et le rire, la joie et les sentiments et qu’il se renferme encore plus profondément sur lui-même. Avec le temps, son silence est si pesant qu’il se construit comme un mur autour de lui que seule la présence de Narê peut démolir en un instant.

Gediz, épris de la jolie jeune fille qu’il vient juste de rencontrer sur son vol, décrit très bien ce silence qu’il compare à la douleur constante « d’un couteau planté en plein cœur », ou encore à un état d’agonie perpétuelle et de colère explosive que Sancar maîtrise au prix d’un énorme effort. L’autre référence, bien que moins précise, concerne également l’état d’esprit de Sancar lorsque Halise prévient celui-ci sur un ton énigmatique : « Je t’ai déjà perdu une fois à cause d’elle, je ne te perdrai pas encore une fois ».   Elle prononce ces paroles car Narê semble de nouveau avoir perturbé la vie de son fils.

Comment Sancar a-t-il passé les neuf années de cette séparation forcée ? Seuls lui et son âme tourmentée en savent quelque chose. Combien de nuits est-il resté éveillé ? Combien de larmes a-t-il versées ? Comment a-t-il fait face à la douleur de perdre l’être qui lui était le plus cher ? Sans aucun signe apparent de son état d’esprit et ne jugeant ses comportements qu’à la hauteur de sa colère, nous faisons à Sancar une belle injustice, tout comme le fait Gediz. Ce que nous devrions lui attribuer, c’est la résilience dont il fait preuve face à tous les maux. Du jeune homme sans le sou à l’homme d’affaires puissant très apprécié et très respecté, voici l’histoire de Sancar, celle d’un succès phénoménal et enviable de tous. Mais qu’est-il arrivé à la blessure qui a étouffé son cœur ?  

La situation de Narê se place exactement en parallèle à celle de Sancar. A la place de l’empire commercial que Sancar s’est construit, Narê a mis au monde une belle enfant, bien plus précieuse que n’importe quelle richesse. Elle aussi a fait preuve de résilience et d’un courage hors du commun en s’accrochant à la vie et à la raison pour le petit ange qui est devenu en quelque sorte sa bouée de sauvetage. Tandis que la vie de Sancar n’est que solitude, perte et colère, Narê doit mettre de côté son chagrin pour élever son enfant.  Ses soucis sont d’autant plus graves qu’elle doit faire face à la fois à un corps sévèrement meurtri et à un cœur brisé. Comme elle le dit si bien par ces mots déchirants à Gediz qui la presse après sa tentative de suicide : « Ils ont sorti mon corps du cercueil et ils l’ont raccommodé avec des agrafes, mais qu’en est-il de mon cœur ? ». Les deux enfants attristés, maintenant devenus adultes et parents, se retrouvent dans un face à face bouleversant lorsque Narê fait son apparition au mariage de Sancar alors que les festivités battent leur plein. Sancar est sur le coup choqué, son corps se fige alors que ses yeux, incompréhensifs, s’élargissent à la vue de ce visage qu’il n’a pas vu depuis maintenant neuf ans, les mains toujours suspendues en l’air dans cette posture bien connue du Zeybek. Son embarras est palpable à la vue de la foule silencieuse alors que ses yeux se déplacent rapidement de Narê à l’enfant, puis de nouveau vers Narê, jusqu’à ce que, dans un mouvement de surprise, elle s’évanouit et tombe sur les genoux de Sancar. Un silence sourd s’ensuit, puis on entend des chuchotements sur l’enfant et la déclaration publique de Narê concernant la paternité de Sancar.  

La nouvelle épouse de Sancar est horrifiée par l’apparition inattendue de son ennemie jurée, et à l’idée d’être devenue une belle-mère en pleine nuit de noces. Pour une fois, Halise, habituellement plus impérieuse, est frappée par la stupeur. Gediz quant à lui, est complètement abasourdi par de telles révélations. Le seul qui se réjouit évidemment du retour de Narê et de Melek est Kavruk. Il bénit le retour de « l’oiseau du crépuscule » et son poussin, comme il les appelle. A cet instant, il est évident pour tous que la légende de « Narê et Sancar » va désormais entrer dans une nouvelle phase, une qui en présence de la nouvelle mariée offrira bien plus de feux d’artifices que ceux qui ont précédemment explosé dans le ciel pour les noces. Pendant un moment, alors qu’il baisse les yeux sur le beau visage dont il a rêvé toute sa vie, Sancar est presque tenté de croire que tout va bien. Son expression de surprise s’adoucit et ses yeux s’illuminent visiblement alors qu’il admire la beauté allongée sur le lit de Zehra. C’est dans des scènes riches en émotions comme celles-ci qu’Engin excelle par le changement multiple de ses expressions faciales. En un instant, il peut passer de l’émerveillement à une tendresse inimaginable, du désir au chagrin profond—c’est comme si son cœur silencieux était guidé par une voix imperceptible qui lui murmure les mots de tendresse.  Chaque émotion, même éphémère, se reflète sur le visage d’Engin, comme un miroir face à son âme, et nous ne pouvons avoir que de l’admiration pour ce talent. Sancar n’a pas besoin de faire de déclarations d’amour. Il suffit juste de le regarder pour lire dans son regard que son amour pour Narê est bel et bien vivant.  

Mais la réalité est un compagnon sans pitié qui le terrasse plus que jamais. La colère est la première émotion qui remonte à la surface, et avec elle s’ouvrent toutes grandes les vannes qui renfermaient ce chagrin profond, cette solitude et ce cœur brisé.  C’est à ce moment précis que Sancar se transforme, méconnaissable. Il devient brutal avec Narê : il la plaque contre la porte et lui empoigne le bras jusqu’à lui faire mal.  Il la malmène et l’accuse d’avoir amené l’enfant d’un autre amant pour essayer de lui faire porter la responsabilité d’une paternité qui n’est pas la sienne, et ainsi ruiner son mariage, car elle n’accepte pas qu’il puisse l’avoir oubliée.  Mais il suffit de quelques mots de Narê pour l’arrêter net et le laisser bouche bée : « As-tu oublié ? » demande-t-elle. La réponse se lit sur le visage de Sancar.  Il regarde ses yeux remplis de larmes, ses lèvres qu’il avaient embrassées par le passé, il sent la douceur de ses cheveux, il reste abasourdi.  C’est elle la blessure, mais c’est aussi elle le seul remède.  Le message de Rumi Mevlana est celui qui aidera les amoureux à guérir.  

Traduit par Faryal, Roselyne.

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Version Anglaise 👇

‘Sancar Efe- the Legend is Reborn’
by Navid Shahzad

‘The wound is the place where the light enters you’ says the Mavlana. And that is precisely what happens to Sancar. But first, a little about the panicky mother and daughter who flee to the ‘homeland’ with the promise that the child will meet her father. Magnificently portrayed by both the lovely Neslihan Atagül Doğulu and absolutely wondrous Beren Gençalp; the distress of the child and Narê’s desperate attempt to ensure that her daughter is in safe hands before she is arrested; raises more than a few questions. Why for instance, has she kept the birth of the child secret from the biological father i.e Sancar, for so many years? This is going to be yet another grievance that Sancar will voice (among others) when he confronts his former lover/wife. Why does she deliberately waste time at the roadside water source when she should have raced to Sancar’s house especially if she knew the wedding was about to take place? The answer to the first is that she was forced by her father and the sleazy Akyn to stay silent; since Çelebi had had himself registered as the baby’s legal guardian. Both, father and rapist are confident that Narê would never leave the baby and go to Sancar, even if she were so inclined. The answer to the second, lies in Narê’s desperate attempt to leave her daughter with a married father to ensure that Melek had a family to live with, before she herself was arrested for murder.

But as luck would have it, she arrives at the exact moment when she hears Sancar – after a suspenseful silence accept Menekşe as his wife. Prepared as she is, his answer strikes her like a thunderbolt and she collapses shortly afterward. Good writing demands that situations are revealed gradually since this keeps the suspense graph from dipping. And Sefirin Kizi has a very good screenplay. Bit by bit, the past comes undone like a skein of wool unraveling wildly. But while we are allowed glimpses into Narê’s painful past, we witness only one instance of how badly Sancar has suffered. The fateful trip to Montenegro leaves such a deep wound that he survives by retreating within himself. Such a reaction only allows for wounds to fester, grow gangrenous and poison the heart- forcing it to reject love and laughter, joy and feeling and to fall ominously silent. With time, the silence grows to such an extent that he builds a wall around himself- a wall that only the sight of Narê can demolish in an instant. As a fellow passenger smitten with the beautiful girl he has just met, Gediz describes Sancar’s silence well, as he compares it to the constant pain of having ‘a knife thrust in the heart’ i.e. a state of perpetual agony and explosive anger kept under tremendous control. The other reference, though an oblique one also refers to Sancar’s state of mind, when Halise warns her son with a cryptic: ‘I lost you to her once, I will not lose you to her again’ she says, as Narê appears to have derailed her son’s life yet again.

How Sancar spent the nine years of forced separation is known only to him and his wounded soul. How many nights did he lie awake? How many tears did he shed? How did he cope with the pain of losing the one person he had treasured the most? With no evidence of his state of mind and judging his behavior only by the measure of his anger, we do Sancar an injustice, just as Gediz does. What we have to give him credit for, is the resilience he displays in the face of all odds. From a penniless young man rising to become a powerful, highly respected, well loved businessman, Sancar’s story is one of phenomenal and enviable success. But what, we can ask, has happened to the wound that stifled his heart ?

Narê’s situation is an exact parallel of Sancar’s. In place of the business empire Sancar has built, she has borne a beautiful child, far more precious than any amount of wealth. She too has shown resilience and extraordinary courage in holding on to life and sanity for the sake of the little angel that has become her lifeline. While Sancar lives a life fraught with loneliness, anger and loss; she is forced to set her own grief aside in nurturing the child she has. Her problems are also compounded by the fact that she has a severely injured body as well as a shattered heart. As she puts it poignantly to a persistent Gediz after her suicide attempt: ‘they took me out of the coffin and put my body together with nails- but what of my heart?’ Both wounded children, now grown up as parents come face to face with each other in an earth shattering moment when Narê appears suddenly at Sancar’s wedding in the midst of the festivities. Sancar is momentarily stupefied, his body freezes as his eyes widen disbelievingly at the sight of the face he has not seen for nine years, his hands remain suspended in the air in a Zeybek pose; his embarrassment is palpable as he looks at the silent crowd with his eyes moving wildly from Narê to the child and back, until in yet another surprise move she faints and falls in his lap. A shocked silence ensues, followed by audible whisperings about the child and Narê’s public declaration of Melek’s paternity.

Sancar’s new bride is horrified at the sight of her nemesis and the prospect of having become a step mother on her wedding night. For once, the usually imperious Halise is struck dumb while Gediz is completely floored by the revelations. The only one who is obviously delighted at Narê and Melek’s return is Kavruk, who celebrates the return of the ‘twilight bird’ and her nestling as he refers to them! It is obvious to all, that the legend of Narê and Sancar will now enter a new phase, one which, in the presence of the new bride will offer more fireworks than those that exploded in the sky during the wedding. For a moment, as he looks down upon the beautiful face that he has dreamed of all his life, Sancar is almost deceived into believing that all is well. His expression of shocked surprise softens and his eyes visibly light up as he views the loveliness that lies on Zehra’s bed. It is in scenes such as these that Engin excels in emoting a vast variety of facial expressions. In an instant, from awed wonder to indescribable tenderness, from yearning to grief – his silent heart seems to find a tiny voice that whispers near endearments. Each fleeting change of emotion reflects on Engin’s face as if it were a mirror of his soul and we can only marvel at his skill. Sancar needs no declarations of love, one need only look at him to know that his love for Narê is very much alive.

But reality is a hard companion and strikes him like lightning. Anger is the first to return and as it opens up the floodgates of the deep grief, loneliness and heartache that he has kept pent up inside; Sancar becomes unrecognizable. He handles Narê roughly, slamming her against the door, holding her so tight that it hurts, accusing her of bringing a lover’s child to masquerade as his; and trying to ruin his wedding because she cannot digest the fact that he has forgotten her. It only takes a short reply from Narê to stop him in his tracks and leave him speechless. ‘Did you forget?’ she asks. We need only look at Sancar’s face to know the answer. He looks at the wide tear filled eyes, at the lips that he has kissed, feels the softness of her hair and is left absolutely speechless. She is the wound and only she is the remedy. Rumi’s message is the one that will help heal the lovers.

https://www.facebook.com/notes/engin-aky%C3%BCrek-france-fans-club/-sancar-efe-la-renaissance-dune-l%C3%A9gende-par-navid-shahzad/10158493245957486/
bientôt la version turque sera disponible. Remerciements à Ozlem
https://www.facebook.com/notes/engin-aky%C3%BCrek-the-actor/sancar-efe-the-legend-is-reborn-by-navid-shahzad/2407887482842522/

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