Un brin de cheveu / A Wisp of Hair par/by Navid Shahzad

Un brin de cheveu / A Wisp of Hair  par/by Navid Shahzad

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Un brin de cheveu
par N. Shahzad

L’épisode 40 est un mélange d’histoires, dont certaines commencent à peine à s’écrire et d’autres arrivent à leur conclusion logique. Parmi celles-ci, on constate la plus importante, celle qui se développe entre Mavi et Sancar mais qui engendre également une détérioration de la relation entre père et fille. Sancar, qui s’efforce constamment de résoudre les problèmes de tout le monde sauf de lui-même—à commencer par Müge, harcelée par Kahraman pour les actions de Gediz, puis Elvan et sa nouvelle entreprise commerciale, en passant par le bien-être et le bonheur de sa mère, la sécurité de Ceylan et de son bébé, tout en aidant Mavi dans son affaire de faux documents—ne se rend pas tout de suite compte que la dépendance émotionnelle de Melek vis-à-vis de son père a augmenté au point qu’elle a besoin d’une aide professionnelle. En plus de son alopécie due à l’anxiété, nous pouvons voir que Melek est devenue presque paranoïaque à propos des absences de son père. Craignant inconsciemment d’être abandonnée une fois de plus par le parent qui lui reste, Melek voit une menace potentielle en Mavi, car son père semble s’intéresser de façon excessive à la belle inconnue. Le fait de la fixer, de renverser intentionnellement de l’eau sur la table, de lui poser des questions indiscrètes sur la durée de son séjour et de s’assurer que son père lui lise une histoire avant de dormir pendant que son invitée reste seule à table, indiquent que Melek porte tous les signes d’un cas classique d’enfant en proie à de sérieux troubles d’anxiété.  La façon dont elle se blottit contre son père après lui avoir demandé s’il avait peint la cabane en bleu à cause de Mavi est plus qu’alarmante. C’est comme si elle revendiquait la propriété de l’homme qu’elle appelle son « Baba ».

Certains souvenirs peuvent être douloureux, mais ils nous identifient aussi. L’emprise tenace du passé ne se relâche jamais, même si c’est pour un enfant. Melek Efeoglu est une version miniature de sa jolie maman, car elle a hérité des mêmes cheveux indisciplinés que Nare et des yeux aussi bleus que le ciel au-dessus de Muğla. Enfant fougueuse, intelligente, amicale et pleine de vie, Melek a une disposition angélique, une incroyable quantité de charme ainsi qu’une obstination et une force de caractère héritées de son père. Ayant vécu une vie protégée au Monténégro avec seulement une mère, un grand-père distant et inaccessible et un groupe de Roms qui semblent l’avoir « adoptée », Melek ignore totalement que son père est bien vivant et vit en Turquie. En tant que téléspectateurs, nous ne savons pas comment l’absence du père a été expliquée à Melek qui semble s’être contentée d’une mère omniprésente qui la traitait comme un jeune adulte plutôt que comme une enfant.

La vie de Melek changea brusquement un beau matin, alors qu’elle rentrait à la maison pour boire un verre d’eau et qu’elle trouva Akin, le « frère » adoptif de sa mère, allongé dans une mare de sang. Rapidement emmitouflée par une mère profondément agitée, elle comprend que sa mère est recherchée par la police pour le meurtre de l’homme qu’elle considérait comme un membre de la famille. Fatiguée, terrifiée et peut-être affamée, Melek résiste remarquablement bien à la fuite rapide du Monténégro, mais elle s’effondre complètement alors qu’elle s’approche du manoir d’Efe à la nuit. Sanglotant de façon incontrôlable à la perspective d’être laissée avec un père qu’elle n’a jamais vu, Melek craint que ce ne soit qu’une question de temps avant que la police n’appréhende sa mère. Enfant, Melek a donc appris à vivre avec la peur dès son plus jeune âge et son cri alarmant « Je ne veux pas être courageuse, j’ai peur, je ne suis qu’une enfant » en dit long. Cependant, ses circonstances particulières et la situation de sa mère l’obligent à se comporter davantage comme une adulte que comme une enfant de huit ans.  

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C’est à la fois ironique et traumatisant que la première fois que Melek pose les yeux sur son père, il danse à son propre mariage le liant à une autre femme. Au lieu de l’accueillir, le grand homme aux yeux sombres et beau qui la regarde avec incrédulité malmène sa mère et les renvoie toutes les deux de chez lui. Sauvée par un étranger qui devient un hôte chaleureux et un ami affectueux, la vie continue de mettre la petite Melek à l’épreuve alors qu’elle fait la navette entre les résidences, la mère et le père, d’autres membres de la famille, et les amis. Un jour chez les Isikli, l’autre chez son père, elle doit faire face à l’opposition farouche d’une belle-mère hostile qui n’hésite pas à mentir à son sujet. Cependant, l’enfant intrépide commence à faire connaissance avec le père, qui lui est étranger depuis la naissance, ainsi qu’un beau cheval noir appelé Gece. A l’exception de la femme de son père, tous accueillent le petit ange de Sancar qui commence à construire une relation délicate et hésitante avec l’homme qui lui ouvre finalement les portes de son foyer et de son cœur. Tout comme elle a appris à vivre avec la peur, Melek a également appris à ne rien révéler de sa mère dont elle approuve les plans pour s’échapper de la maison des Efe.  Après avoir apprécié une leçon d’histoire sur la famille Efe par son père, Melek éprouve quelques pointes de regret alors qu’elle s’échappe de la maison de l’homme auquel elle a commencé à s’attacher, malheureusement pour voir ses plans contrecarrés par un père furieux aux portes du manoir.

Se sentant tiraillée dans toutes les directions en raison des continuelles disputes de garde d’enfant amères entre le grand-père, la mère puis le père, l’aventure de Melek au Monténégro a permis de renforcer les liens entre le père et la fille, puisqu’elle commence à le voir comme son « sauveteur ». Cependant, sa vie continue à tourbillonner en alternance entre la maison de Gediz, le manoir de son père et la maison du grand-père de Kavruk, tout en restant livrée à elle-même la plupart du temps avec Müge, Elvan ou Kavruk qui la gardent. Au fil des jours, Melek se glisse délicatement et se blottit comme un petit chaton à la fourrure douce dans le cœur de son père, tout comme sa mère l’avait fait dans la vie d’un jeune Sancar. Outre son père qu’elle commence à adorer, elle découvre en Kavruk un ami sincère qui évoque à bien des égards le même esprit enfantin qu’elle, tandis qu’Elvan « stérile » la traite comme l’enfant qu’elle n’a jamais eu. Emerveillée d’avoir enfin sa propre maison, une chambre établie et décorée à son goût, et d’aller enfin à l’école, Melek rêve d’avoir une vie de famille avec ses deux parents comme tous les enfants.

Que les rêves se réalisent rarement et que la vie peut être aussi cruelle pour les enfants que pour les adultes ne pourrait pas être plus vrai pour la vie de Melek, car la tension incessante entre sa mère et son père, qu’elle aime à présent, ne semble jamais cesser. Avec un enfant en route dans « l’autre » famille de son père, Melek se sent rejetée, trahie, dans l’insécurité, et elle finit par s’enfuir, comme les enfants malheureux ont tendance à le faire, pour se retrouver face à un nouvel incident effrayant. En fuguant, Melek n’est pas différente des autres enfants de son âge qui sont piégés dans une atmosphère familiale empoisonnée par un stress constant malgré le fait qu’ils soient vraiment aimés par leurs deux parents, mais l’environnement chargé commence à affecter Melek inconsciemment. 

Le fait que Melek n’ait pas l’habitude de vivre dans une situation de famille élargie ajoute à ses malheurs. Ses premiers souvenirs sont ceux d’une famille de trois membres seulement, dans laquelle elle et sa mère appréciaient d’être ensembles tout le temps. Dans la maison de son père, elle se retrouve entourée d’un bon nombre d’adultes qu’elle ne connaît pas et qui semblent chacun avoir leurs problèmes personnels. Les enfants sont très semblables aux animaux, car ils portent en eux comme une sorte de sixième sens et peuvent « sentir » la malhonnêteté et le malheur qui les affecte négativement. L’énurésie, les furies, la colère inexplicable et les rêves éveillés sont autant de symptômes courants chez les enfants en situation d’anxiété. Heureusement, Melek opte pour une forme subconsciente de thérapie artistique en imaginant et dessinant une maison avec son père, sa mère, Gece et un jardin. Les croquis au crayon coloré qu’elle montre fièrement à son père ne sont pas seulement des dessins d’enfant, mais un rêve aux couleurs de l’arc-en-ciel qu’elle veut réaliser plus que tout autre chose.

Comme elle passe plus de temps avec son père, Melek développe un lien très spécial avec l’homme qui ne lui refuse jamais rien. Les yeux de Sancar s’illuminent de plaisir à chaque fois qu’il voit sa fille et, à n’importe quel moment que ce soit, Melek est tout aussi ravie de la présence de son père dans le manoir. La maison que sa mère finit par louer ne devient un foyer pour elle qu’après que les empreintes de son père en aient orné l’intérieur, alors même qu’elle apprend à accepter la malheureuse réalité de « l’autre » vie de son père. Pour Melek, le bonheur parfait c’est d’aller « travailler » dans l’oliveraie avec son père aux longues jambes, glissant sur les grosses olives noires qu’ils viennent de cueillir sur les arbres ! Bien que distraite par de telles activités et impressionnée par la générosité constante de son père qui achète des actions dans une marina pour sa petite princesse, Melek est suffisamment astucieuse pour remarquer que ses parents ne sont avec elle qu’à tour de rôle. Le résultat est évident lorsqu’elle commence à se plaindre des fréquentes absences de sa mère, ce qui la pousse à se rapprocher davantage de son père. Non seulement elle est fâchée contre lui pour avoir bloqué les efforts de Nare de trouver un emploi, elle joue également un rôle de « protectrice » auprès de son père profondément perturbé, si nécessaire. Bien que la tentative de son empoisonnement ait rapproché ses deux parents à tel point qu’ils semblent s’être un peu apaisés et avoir convenu d’une paix temporaire, ce qui lui octroie un peu d’espace, le répit n’est que de courte durée.

Les recherches nous montrent que l’anxiété latente commence à nous peser imperceptiblement. Les adultes peuvent perdre le sommeil (comme Sancar) et devenir gravement dépressifs, tandis que les enfants deviennent nerveux et pleurent plus fréquemment. Durant la scène entre le père et la fille, au moment où Sancar annonce à Melek que les trois ensembles ne peuvent pas former une famille et qu’elle court dehors en pyjama, Sancar a du mal à contrôler ses propres larmes alors qu’il serre dans ses bras l’enfant désemparée qui pleure « pourquoi ? ». En essayant de réconforter son enfant, le père fait appel à l’énorme amour de Melek pour sa mère pour qu’elle comprenne qu’elle n’est pas en mesure de se marier à ce stade. Faisant constamment passer les besoins de sa mère avant elle-même, Melek grandit rapidement dans le rôle d’arbitre entre ses parents. Nous pouvons donc voir émerger un modèle évident d’attentes comportementales dans lequel Melek doit mûrir et comprendre la dynamique d’une relation complexe alors qu’elle n’est encore qu’une enfant.

Au moment où ses parents acceptent de se séparer une nouvelle fois, Melek a vécu tellement de situations difficiles que lorsque sa mère la laisse assise sur un banc d’hôpital avec une sucette en guise de compensation (!), elle sent intuitivement que c’est peut-être leur dernière rencontre. Nous pouvons être sûrs que cette séparation n’a pas été facile pour Nare, car elle savait qu’elle ne reviendrait pas et Melek pouvait sentir qu’il y avait quelque chose qui clochait terriblement avec sa mère. Bien que Nare donne à sa fille d’excellentes leçons de vie, comme celle de savoir dire « non » ou de se tenir droite et maintenir son indépendante, elle n’a jamais été en mesure d’assurer la stabilité d’un foyer et d’une famille, ce qui est le facteur le plus important dans la vie d’un enfant. Au lieu de cela, certains éléments—comme jouer à des « jeux » avec une enfant pour tromper Akin, dissimuler les faits sur leur fuite du Monténégro ou encore ne pas inclure Sancar dans certains secrets—ont inconsciemment fait des ravages sur la psyché de Melek qui est obligée de faire preuve de courage à tout moment. Malgré l’amour et l’attention qu’elle continue de recevoir de la famille de son père après le départ de sa mère, Melek considère sa vie comme une expérience « amère », ce qui est loin d’être surprenant. Pour une enfant de huit ans, le fait d’avoir vécu certaines choses, comme de voir un corps ensanglanté, d’être kidnappée par son grand-père, d’avoir un accident alors qu’elle était enfermée dans un coffre de voiture, ou de se faire empoisonner par sa belle-mère, est un vrai cauchemar.

Mais ce qui brise vraiment l’esprit de Melek, c’est la transition entre le fait d’être la petite compagne constante de sa mère et le sentiment qu’elle n’est plus une priorité pour elle. Le fait qu’elle ne lise pas la dernière lettre que sa mère lui adresse nous montre à quel point Melek se sent en colère et abandonnée. Que la seule personne qui a été constamment avec elle depuis sa naissance ait coupé le cordon ombilical si soudainement et sans explication est comme le craquement d’une brindille sèche un jour d’hiver et Melek ne s’en remet pas. Ayant soudainement mûri, alors qu’elle regarde le visage de son père imbibé de larmes, elle promet de ne jamais le quitter car à cet instant, père et fille se retrouvent liés l’un à l’autre dans un paroxysme de chagrin et s’accrochent l’un à l’autre comme seuls ceux qui sont profondément blessés savent le faire pour étancher leur douleur. A partir de ce jour, Melek n’est plus « la fille de sa mère » mais la fille bien-aimée de Sancar et l’héritière de Sancar Efeoglu. A première vue, le passage de « fille de la mère » à petite fille du père définit la relation future entre Sancar et Melek qui devient plus forte que jamais. Mais en vérité, c’est comme une fondation bâtie dans le sable, puisque chacun cache à l’autre la profonde douleur qui l’engloutit individuellement. Sans doute, le meilleur exemple pour illustrer ceci se retrouve-t-il dans le « conseil » de Melek à bébé Gediz qui lui dit qu’en tant qu’enfants de parents « célibataires », ils devraient pleurer seuls, car un enfant qui pleure dérange sa mère ! C’est presque un aveu que Melek pleure dans son oreiller chaque nuit et nos cœurs vont vers la petite fille perdue.

Mais si nous pensons que ce n’est qu’une enfant qui est bouleversée, nous n’avons pas encore plongé dans les profondeurs de la douleur de Sancar. Mavi s’arrête pour l’écouter seulement lorsqu’il lui demande de l’entendre car personne ne lui a jamais demandé ce qu’il ressentait. L’appel est justifié parce que pendant toutes ces années, depuis l’erreur de jugement de Sancar, la famille et l’opinion publique ont oscillé entre la condamnation, l’excuse, le pardon ou l’oubli des événements de cette nuit fatidique. C’est donc tout à fait normal que le protagoniste masculin de la légende ait également l’opportunité de faire connaître son point de vue.

L’acte de « confession » est commun à la plupart des religions. Dans la religion bouddhiste, par exemple, le cadre monastique du Vinaya exige que les moines confessent régulièrement les fautes commises à d’autres moines. Dans l’enseignement catholique, les hommes et les femmes peuvent confesser individuellement les péchés commis après le baptême et les faire absoudre par Dieu par l’intermédiaire d’un prêtre, ce qui est une pratique annuelle obligatoire. Pour que l’acte soit fidèle à son esprit, le pénitent doit observer la contrition, révéler les péchés commis et se racheter. Contrairement au catholicisme, les chrétiens orientaux catholiques et orthodoxes choisissent un individu en qui ils ont confiance et qui leur sert de guide spirituel. Les chrétiens orthodoxes se confessent uniquement à cette personne et lui demandent des conseils sur le développement spirituel. Dans le judaïsme, la confession est une partie importante du service de Yom Kippour où les juifs confessent leurs péchés collectivement et demandent le pardon des transgressions contre Dieu et l’homme. Dans l’hindouisme, Prayascitta fait référence à la confession volontaire de l’acceptation de ses erreurs et du repentir qui s’ensuit. Dans l’islam, l’acte de demander pardon, qui est appelé « istighfar », est une prière faite directement à Allah et non par l’intermédiaire d’une autre personne car le musulman croit que le Tout-Puissant pardonne à ceux qui cherchent Son pardon et s’engagent à ne pas répéter le péché. En dehors des religions établies, même les organisations laïques telles que les Alcooliques anonymes s’appuient sur une confession initiale, admettant les péchés de chacun à Dieu et aux autres, tandis que la théorie freudienne, qui s’appuie sur la mémoire, a établi les bases de la psychiatrie moderne. La confession n’est donc pas seulement cathartique, elle est aussi ordonnée par les grandes religions et Sancar Efe a le droit de dévoiler les détails de sa psyché blessée. Qu’il choisisse de se confesser à une étrangère est compréhensible, car la valeur d’une analyse spirituelle ou psychiatrique dépend de l’objectivité.  

Pour en revenir à l’épisode lui-même, il est évident qu’un certain temps s’est écoulé depuis la révélation dévastatrice de Mavi sur la mort de sa fille en réponse à la confession de Sancar. Le temps passe à un rythme d’escargot quand le cœur est alourdi par le chagrin, et Mavi compte les mois et les jours qui se sont écoulés depuis sa tragédie, tandis que Sancar empli de sollicitude s’abstient de poser trop de questions. Qui, à part Sancar, peut comprendre la douleur de Mavi, d’autant plus qu’elle fait écho à ce qu’il a toujours dit sur lui-même ? « C’était ma faute », avance Mavi, bien que ce ne soit pas elle qui conduisait la voiture destinée à l’accident. Apparemment, le voyage à Kos est censé la libérer des souvenirs qui la poursuivent comme des démons, mais Sancar sait combien il est difficile de se débarrasser du passé. La réponse, comme le dit philosophiquement Mavi, est d’accepter son propre destin.

Le temps est vraiment une maîtresse cruelle. A grande échelle, il voit des empires disparaître, des dynasties périr et des maisons s’effondrer, tandis qu’à notre niveau, il change nos petites vies au-delà de toute reconnaissance. Mavi et Sancar luttent contre une marée de souvenirs, attendant d’être pardonnés pour ce qu’ils perçoivent comme leur « faute », qui, comme des pierres pesant un homme qui se noie, les entraînent dans les profondeurs détrempées de deuil et de la souffrance. Au plus bas, le choix repose sur l’attente passive de la mort ou la lutte pour remonter à la surface, ce qui n’est possible qu’avec l’aide d’un partenaire compatissant. Sancar et Mavi sont tous deux victimes de leur passé impitoyable qui les a laissés paralysés dans une large mesure puisque pour eux, chaque jour est un défi, chaque matin un nouveau combat alors qu’ils luttent pour paraître normaux. Mavi est convaincue qu’elle peut commencer une nouvelle vie à la poursuite de laquelle elle prévoit de se rendre à Kos, tandis que Sancar voit les choses différemment en se référant à ses racines profondes qu’il ne pourra jamais abandonner. L’histoire de Sancar et de Mavi, s’il doit y en avoir une, se situe donc entre les deux positions polarisées de « partir » et de « rester », ce qui nous rappelle familièrement la situation de Sancar et Nare éternellement coincés entre ces deux états. Mais en ce jour ensoleillé, assis sur le bateau qui ne naviguera pas, Mavi et Sancar se lancent vers un nouveau voyage, celui de s’entraider pour pouvoir guérir. Rappelant fortement le pacte de Fatmagul et Kerim de guérir ensemble, l’échange de « confessions » a eu l’effet désiré et les deux se remettent suffisamment pour rire un peu pendant qu’ils sont emmenés au poste de police pour être interrogés.

Symptomatique de ce qu’il ressent, lorsqu’on l’interroge sur Mavi, Sancar a du mal à la décrire et il finit par la désigner, d’un ton bas et embarrassé, comme une « amie ». Quelque part entre l’échange de secrets du petit matin et l’appétissant lahmacun qu’ils dégustent au petit-déjeuner, une simple camaraderie commence à jeter les bases de ce qui semble destiné à se transformer en une véritable amitié à l’avenir, bien qu’il soit encore trop tôt pour le confirmer. L’arrivée complotée de Halise et Melek surprend un Sancar méfiant qui connaît suffisamment bien sa mère pour savoir qu’elle cache quelque chose. Cependant, l’invitation innocente et gracieuse est acceptée par Mavi à la demande de Melek qui en même temps en profite pour examiner la belle amie de son père. Le dîner, comme prévu, est un vrai désastre car une Melek au visage terne n’a pas d’appétit et Halise est au top de son offensive autocratique. Durant l’absence de Sancar, qui met Melek au lit, la conversation de Halise devient excessivement impolie et effrontément condescendante sous le couvert d’une introduction à la « tradition locale ». Gardant son sang-froid face au ton manifestement blessant et indiscret de la mère de Sancar, Mavi se lève pour prendre congé à la grande consternation d’Elvan et de Zehra.

Bouleversé par son inexplicable départ, Sancar se confie à un Kavruk attentif après un bref échange désagréable entre lui et sa mère. Malgré ses conseils de laisser faire les choses, nous savons que Halise continuera à diriger la vie de ses enfants comme elle l’entend. Tout en repensant à Mavi et à la perte de son enfant, ainsi que l’état dans lequel il la trouve, Sancar s’efforce de comprendre l’état d’esprit de Nare qui l’a conduite à abandonner son enfant vivant. Nous sommes donc obligés de conclure que Nare croyait vraiment que Melek serait mieux sans elle vu qu’elle n’était pas en mesure de s’occuper d’elle-même, et encore moins de sa fille. A présent, Sancar s’est plongé dans un tel état d’agitation insomniaque, malgré les conseils de Kavruk de laisser le temps guérir Melek et Mavi, qu’il choisit plutôt, comme échappatoire, de travailler avec lui toute la nuit à monter les étagères du nouveau magasin d’Elvan, qui se termine par un magnifique échange entre lui et Bora, ce dernier les prenant pour des charpentiers. Nous décelons certaines nuances chez l’Efe qui surgissent comme des avertissements de « grand frère » destinés au propriétaire de la maison de café lorsque celui-ci se réfère à Elvan en termes plutôt familiers.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de constater un changement notable chez Sancar Efe depuis son aventure au commissariat de police avec Mavi. Nous détectons un comportement quelque peu enfantin, ce qui contraste tout à fait avec le Sancar Efe familier et autoritaire d’autrefois. Nous pouvons le remarquer dans leur échange lors du petit déjeuner et encore plus alors qu’il regarde à travers la fenêtre du café de Bora. Profondément offensé par Mavi de ne pas lui avoir demandé de l’aide et d’avoir choisi Bora à la place, Sancar se retourne pour partir, mais Mavi lui intime plutôt de s’asseoir et de l’écouter. L’ancienne dirigeante d’entreprise à succès trace les limites entre Sancar et elle-même, car elle refuse que sa vie soit dirigée par quelqu’un d’autre. Sans faire référence au comportement étrange de sa mère la veille, Mavi explique clairement son indépendance et son style de vie différent qui, s’il était inacceptable pour Sancar, signifierait qu’ils ne devraient plus se voir. Visiblement blessé par cette attitude dédaigneuse, Sancar reste calme et part tranquillement sans même jeter un regard derrière lui alors que Mavi le suit des yeux, décidément préoccupée. L’histoire de Mavi et Sancar semble s’être terminée avant même d’avoir commencé.

Il fut un temps où il y avait dans chaque quartier un animal domestique qui était l’ennemi du facteur qui distribuait le courrier. Généralement un chien de petite taille, l’animal aboyait sur le facteur et déchirait la jambe de son pantalon jusqu’à ce que son propriétaire le rappelle au pied. Kahraman Boz, joué par Bülent Sakrak, acteur au grand talent, se présente comme un personnage costaud à la poitrine étoffée comme un baril qui fonctionne à l’énergie d’une lampe solaire. Entre éclats de colère, méchanceté souriante et fréquentes ruptures de chapelet, Sakrak crée un portrait inoubliable, à la manière d’un terrier, d’un homme qui lutte pour le pouvoir, en opposition au style commercial élégant de Sancar et Gediz. Contrairement aux deux, toute l’approche du Boz en matière d’affaires est animée par la cupidité et la convoitise, mais l’homme a un côté plus doux qu’il dissimule avec soin. Adversaire sans scrupules depuis toujours, qui n’oublie jamais une transgression légère ou perçue, la transformation de Boz à la vue de son bébé est un vrai miracle. En tenant le petit corps se tortillonnant dans ses bras, Boz oublie la douleur de sa perte passée pour la première fois en dix ans. Peu importe que le nouveau-né soit de la taille d’un enfant de six mois, mais il est vraiment impardonnable que l’équipe de production n’ait pas réussi à trouver un nouveau-né dans tout Muğla pour contribuer à la métamorphose du personnage de Boz ! L’émerveillement de Sancar pour le bébé est tout à fait compréhensible car il n’a pas pu voir Melek quand elle était si petite, mais ce qui est vraiment réconfortant, c’est que nous assistons à la formation d’une nouvelle famille, pleine d’espoir et de joie pour un avenir heureux. La présence de Bülent Sakrak était celle d’un personnage controversé et énergique qui s’est défoulé avec un acteur du calibre d’Engin Akyürek sans céder d’un pouce, nous laissant sans aucun doute quelques-unes des scènes les plus fortes et les plus agréables de la série.

Un autre soir, une Melek ravie d’être nourrie par un père attentif est interrompue par un appel téléphonique urgent de Mavi exhortant Sancar à la voir immédiatement. En parcourant le carnet de croquis de Melek, Mavi voit les changements flagrants s’opérer dans les dessins de Melek qui deviennent de plus en plus incolores. Les dessins tout en couleur d’une enfant, donnant des carottes à un cheval noir, ou encore d’un père poussant sa fille sur une balançoire, passent aux sketches en noir et blanc de fleurs fanées, d’un au revoir en larmes et enfin de la représentation d’une mère dans une robe orange vif avec un enfant chauve à proximité. Mavi comprend immédiatement ce que signifie la longue mèche de cheveux tressés que Melek a caché entre les pages, car elle a elle-même vécu une phase similaire. Partageant la nouvelle avec un Sancar stupéfait, Mavi conseille d’emmener Melek chez un spécialiste dès que possible.

Chaque épisode de Sefirin Kizi nous offre un nouvel aperçu du prodigieux talent d’Engin Akyürek. Alors qu’il tient dans sa main les délicates mèches de cheveux de sa fille, la caméra se déplace vers un plan du visage d’Akyürek qui pâlit visiblement à la vue des cheveux. Dans un silence assourdissant, on voit ensuite l’acteur examiner avec précaution la tête de Melek endormie. Le visage d’Akyürek dépeint sa douleur alors que ses longs doigts survolent les cheveux doux de bébé et trouvent la plaque chauve indiquant là où Melek a perdu ses cheveux. Partant aussi brusquement qu’il est venu, Akyürek donne l’impression de manquer d’air et il a du mal à reprendre son souffle. La voix roque et entrecoupée, il appelle la seule personne qui puisse le comprendre tout en se maudissant en tant que père. Si Akyürek impressionne par sa maîtrise vocale autant que par ses expressions faciales, il transmet aussi, subtilement mais sûrement, sa perception de l’échec que Sancar croit être en tant qu’homme, en tant qu’amant, en tant que père. Malheureusement, à ce moment précis, Halise intervient en donnant des instructions à son propre espion qui transporte par inadvertance et de façon tragique une petite passagère vers la cabane à son insu.  

Un bref regard sur le visage de Sancar indique à Mavi combien il lui est pénible d’accepter qu’il n’ait pas pu jouer le rôle qu’il s’était juré de tenir toute sa vie, c’est-à-dire celui de père et protecteur par excellence. En manquant à son devoir le plus précieux, Sancar semble se désintégrer sous nos yeux en une myriade de petits morceaux empreints de regret, de tristesse et de douleur indescriptible. Le fait qu’il s’accroche à Mavi comme un homme qui se noie et qui s’agrippe à un gilet de sauvetage nous indique que le puissant Efe a finalement été mis à genoux par une mèche de cheveux de sa fille. Mais la vie n’en a pas encore fini avec lui, et il lui reste encore beaucoup de souffrances à venir alors que nous voyons le visage dévasté de Melek dans l’encadrement d’une fenêtre, et qu’elle aperçoit son père affaissé contre l’épaule de Mavi à l’intérieur de la cabane qu’il lui avait promis de n’appartenir qu’à eux deux. Çelebi n’aurait pas pu demander une meilleure opportunité de retourner le couteau dans la plaie de Sancar. A l’image d’une fruit mûr tombé dans son panier, Melek, en pleurs, supplie son grand-père de l’amener à sa mère qui lui manque terriblement. Ce n’est pas tant le fait que la mère l’ait abandonnée qui fait pleurer Melek, mais plutôt la trahison qu’elle perçoit de son père, en qui elle avait toute confiance, qui l’incite à demander l’aide de Çelebi. Elle n’aurait pas pu demander un pire allié !

Traduit par Faryal/Roselyne

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English Version 👇

A Wisp of Hair
by N. Shahzad

Episode 40 is a mélange of stories- some just beginning to write themselves and some reaching their logical conclusion. Of these, the most important is the developing relationship between Mavi and Sancar with its downside of the deteriorating relationship between a father and daughter. Unknown to Sancar who is constantly engaged in solving problems for everyone but himself – from Müge harassed by Kahraman for Gediz’s shares, to Elvan and her new business venture, to keeping his mother well and happy, to ensuring Ceylan and her baby’s safety while helping Mavi out with her forged documents case; Melek’s emotional dependency on her father has increased to such an extent that she is need of professional help. Along with her stress induced alopecia, we can see that Melek has become almost paranoid about her father’s absence. Subconsciously fearing abandonment yet again by her remaining parent, Melek sees a potential threat in Mavi as her father appears to take an inordinate interest in the beautiful stranger. From constantly staring at her to spilling water at the table and rudely asking about her length of stay to ensuring that her father reads her a bedtime story while his guest remains at the dining table, Melek is a text book case of a child under severe stress. The manner in which she snuggles up to her father after asking him if he had painted the hut blue because of Mavi is more than faintly alarming. It is as though she asserts her ownership of the man she calls Baba.

Some memories may be painful but they also identify who we are. The past’s tenacious hold never lets go even if it is a child. Melek Efeouglu is a miniature version of her beautiful mother as she has Narê’s unruly head of hair and eyes as blue as the sky above Mugla. A spirited, intelligent, friendly, lively child, Melek has an angelic disposition, an incredible amount of charm as well as a stubbornness and strength of character inherited from her father. Having lived a sheltered life in Montenegro with only a mother, a distant unapproachable grandfather and a group of Romanies who appear to have ‘adopted’ her, Melek is completely oblivious of the fact that her father is alive and well and lives in Turkey. As viewers, we have no idea how the absence of the father was explained to Melek who seems to have been content with an omnipresent mother who treated her like a young adult rather than a child.

Life changed for Melek without warning one fine morning as she came home for a drink of water only to find her mother’s foster ‘brother’ Akin lying in a pool of blood. Bundled away swiftly by a distraught mother, she is led to understand that her mother is sought by the police for the murder of the man she had thought of as family. Tired, terrified and possibly hungry, Melek weathers the swift flight from Montenegro remarkably well but breaks down completely as they near the Efe mansion at night. Sobbing uncontrollably at the prospect of being left with a father she has never seen, Melek fears that it is only a matter of time before the police apprehend her mother. As a child therefore, Melek has learned to live with fear at a very young age and her cry of ‘I don’t want to be brave, I am afraid, I am just a child’ says as much. However, her special circumstances and her mother’s situation force her into behaving more like an adult rather than the eight year old child she is.

It is ironic and traumatic that the first time Melek sets eyes on her father he is dancing at his own wedding to another woman. Rather than welcoming her, the tall dark eyed, handsome man who looks at her with incredulity roughs up her mother and bundles both of them out of his house. Rescued by a stranger who becomes a warm host and affectionate friend, life continues to test little Melek as she shuttles between residences, mother and father, relatives and friends. Now at the Isiklis, next at her father’s house, she faces stiff opposition from a hostile step mother who is not above lying about her. However, the intrepid child begins acquainting herself with the father who has been a stranger to her since she was born, as well as a beautiful black horse called Gece. With the exception of her father’s wife, all welcome Sancar’s little angel as she begins to build a delicate, tentative relationship with the man who opens the gates of his home and heart for her. Just as much as she has learned to live with fear, Melek has also learned to be secretive about her mother whose plans to escape from the Efe home she readily falls in with. Having enjoyed a family history session with her father, Melek is not above feeling some pangs of regret as she runs away from the man she has begun to be attached to – only to be thwarted by a furious father at the gates of the mansion.

Continuously tugged at in different directions in a bitter custody battle between her grandfather, mother and father in turn, Melek’s Montenegro adventure results in a stronger bonding between father and daughter since she now begins to see him in the role of a ‘rescuer’. However, her life remains a whirlwind alternating between Gediz’s home, her father’s mansion and Kavruk’s grandfather’s cottage while being left largely to her own devices with Müge, Elvan or Kavruk baby-sitting her. As the days go by, Melek softly creeps up and nestles like a furry little kitten in her father’s heart, very much like her mother had in a young Sancar’s life. Other than her father whom she begins to adore, she finds a true friend in Kavruk who is in many ways as childlike as she is while the ‘barren’ Elvan treats her like the child she never had. Ecstatic that she finally has her own home, a custom made bedroom and will finally go to school; Melek dreams of having a family life with both parents as all children do.

That dreams seldom come true and that life can be as cruel to children as it is to adults could not be more true of Melek’s life as the incessant tension between her mother and by now beloved father never appears to cease. With another child on the way in her father’s ‘other’ family; feeling displaced, betrayed and insecure Melek runs away as unhappy children are wont to do, only to meet with yet another frightening mishap. In running away, Melek is no different from other children her age who are trapped in a home atmosphere poisoned by constant stress despite being truly loved by both parents but the charged environment does begin to affect Melek subconsciously.

Adding to her woes is the fact that Melek is unused to living in an extended family situation. Her first memories comprise of a three member family only, in which she and her mother enjoyed each other’s company all the time. In her father’s house she finds herself surrounded by a number of adults, all of whom are strangers and appear to have severe issues of their own. Children are very much like animals as they too have a kind of sixth sense and can ‘smell’ dishonesty and unhappiness which affects them adversely. Bed wetting, tantrums, inexplicable anger and day dreaming are common symptoms of children in stressful situations. Fortunately, Melek opts for a form of subconscious art therapy as she dreams and draws pictures of a home with her father, mother, Gece and a garden. The colourful pencil sketches that she proudly displays to her father are not just a child’s drawings but a rainbow coloured dream that she wants realized more than anything else.

As she spends more time with her father, Melek develops a very special bond with the man who never refuses her anything. Lighting up his eyes with pleasure every time he sees her, Melek is equally delighted at her father’s presence in her home at all odd times. The house that her mother eventually rents becomes a home for her only after her father’s handprints adorn the interior, even as she learns to eventually come to terms with the unhappy reality of her father’s ‘other’ life. The epitome of happiness for Melek is to go to ‘work’ at the olive garden with her long legged father slipping on the fat black olives they have just picked off the trees! Though distracted by such activities and impressed by her father’s constant generosity in buying shares in a marina for his little princess, Melek is astute enough to note that her parents take turns in being with her. The result is plain to see as she begins complaining about her mother’s frequent absence which makes her lean on her father more. Not above being upset with her father for resisting Narê’s efforts to find work, she plays ‘caretaker’ to her deeply troubled father when necessary. Though her near poisoning draws both parents close enough for them to relent a little and make temporary peace which wins her some space but the respite remains short lived.

Research tells us that latent stress starts to weigh us down imperceptibly; adults may lose sleep (like Sancar does), and become severely depressed; while children become nervous and cry more frequently. The scene between father and daughter where Sancar tells Melek that the three of them cannot be a family and she runs outside in her pajamas; Sancar has a hard time controlling his own tears as he hugs the distraught child wailing ‘ why?’ In trying to comfort his child, the father appeals to Melek’s enormous love for her mother to understand that she feels unable to enter into a marriage at this stage. Constantly putting her mother’s needs before herself, Melek grows quickly into the role of arbitrator between her parents. We can therefore see a clear pattern of behavioral expectations beginning to emerge in which Melek is required to mature and understand the dynamics of a complex relationship while still a child.

By the time, her parents agree to part once more, Melek has lived through so many difficult situations that when her mother leaves her sitting on a hospital bench with a lollipop for compensation (!) she intuitively senses that it may be their last meeting. We can be sure that this parting was not an easy one for Narê since she knew she was not coming back and Melek could sense that there was something terribly amiss with her mother. Despite the fact that Narê gives her daughter some excellent life lessons such as knowing when to say ‘no’, to stand tall and be independent; she was never able to provide the stability of home and family that is the greatest nurturing factor in a child’s life. Instead, playing ‘games’ with a child to deceive Akin, concealing facts about their escape from Montenegro and keeping secrets from Sancar has taken a toll on Melek’s psyche subconsciously as she is compelled to put up a brave front all the time. Despite the love and attention she continues to receive from her father’s family after her mother’s departure, Melek views her life as a ‘bitter’ experience which is far from surprising. For an eight year old child to have experienced the kind of things she has; ranging from seeing a bloodied body, kidnapping by a grandfather, having an accident while locked in a car boot and poisoning by a step mother is nothing short of a nightmare.

But what truly breaks Melek’s spirit is the transition from being her mother’s constant little companion to feeling that she is no longer a priority with her mother. The fact that she never reads her mother’s last letter to her tells us just how angry and abandoned Melek feels. That the one person who has been constantly with her from the time she was born should have severed the umbilical cord so suddenly and without an explanation is like the snap of a dry twig on a winter’s day – and Melek never recovers from it. Growing up in that moment as she looks at the tear stained face of her father, she promises never to leave his side as in that instant, father and daughter find themselves bound to each other in a paroxysm of sorrow and cling to each other as only the deeply wounded seek relief from their pain. From that day forth, Melek is no longer ‘her ‘mother’s daughter’ but Sancar Efeoglu’s sweetheart and heir. On the face of it the shift from ‘mother’s daughter’ to father’s little girl, defines the future relationship between Sancar and Melek which becomes stronger than ever; but in truth it is like a foundation laid on sand, since each conceals from the other the deep sorrow that engulfs them individually. Perhaps the best instance of that is Melek’s ‘advice’ to baby Gediz as she tells him that as children of ‘single’ parents, they should cry alone since a crying child upsets the mother! It is as close to an admission that Melek cries into her pillow every night and our hearts go out to the lost little girl.

But if we think it is only a child who is upset, we have not plumbed the depths of Sancar’s sorrows. Mavi stops to listen to him only when he asks her to hear him out because no one has ever asked him how he feels. The plea is valid because in all these years since Sancar’s error of judgment, family and public opinion has swayed between condemnation, condoning, forgiving or overlooking the events of that fateful night. It is only fair therefore, that the male protagonist of the legend also be given an opportunity to state his case.

The act of ‘confession’ is common to most religions. Within Buddhism for example, the monastic framework of the Vinaya requires mandatory regular confessions of wrong doing to other monks. In Catholic teaching, individual men and women may confess the sins committed after baptism and have them absolved by God through the administration of a priest which is a mandatory annual practice. For the act to be true to its spirit the penitent must observe contrition, disclose the sins committed and make amends for the sin. Contrary to Catholicism, the Eastern Catholic and Orthodox Christians choose an individual to trust and serve as their spiritual guide. Orthodox Christians confess only to this person and ask for advice on spiritual development. In Judaism, the confession is an important part of Yom Kippur service where Jews confess to their sins collectively and ask for forgiveness for transgressions against God and man. In Hinduism, Prayascitta refers to the voluntary confession of accepting one’s errors and subsequent repentance. In Islam, the act of asking forgiveness is called ‘istighfar’ which is a prayer made directly to Allah and not through another person for the Muslim believes that the Almighty forgives those who seek His forgiveness and commit themselves not to repeat the sin. Apart from established religions, even secular organizations such as Alcoholics Anonymous rely on an initial confession admitting one’s sins to God and others while Freudian theory which relies on memory has laid the foundation for modern day psychiatry. The confession, therefore, is not only cathartic it is also ordained by major religions and Sancar Efe has every right to lay bare the details of his wounded psyche. That he chooses a stranger to confess to be understandable, since the value of a spiritual or psychiatric analysis depends on objectivity.

So to return to the episode itself, it is obvious that some time has elapsed since Mavi’s devastating revelation about her daughter’s death in response to Sancar’s confession. Time moves at a snail’s pace when one’s heart is weighed down with sorrow as Mavi counts the months and days since her tragedy, while Sancar is more than solicitous as he refrains from asking too many questions. Who but Sancar, can understand the pain Mavi is in, especially since she echoes what he has said about himself all along? ‘It was my fault’, volunteers Mavi though she was not the one driving the ill-fated car. Apparently the journey to Kos is meant to free her of the memories that pursue her like demons but Sancar knows how difficult it is to rid oneself of the past. The answer, as Mavi philosophically puts it is in accepting one’s fate.

Time truly is a cruel mistress. On a larger canvas it sees empires die, dynasties perish, and houses crumble while on the other, it changes our little lives beyond recognition. Mavi and Sancar fight against a tide of memories, waiting to be forgiven for what they perceive as their ‘fault,’ which like stones weighing a drowning man, drag them down into the sodden depths of loss and suffering. At rock bottom, the choice rests between waiting passively for death or struggling to rise again to the surface which is only possible with the help of a sympathetic partner. Sancar and Mavi are both victims of their pitiless pasts which has left them crippled to a large extent since for them, each day is a challenge, every morning a fresh combat as they struggle to appear normal. Mavi is convinced that she can start a new life in pursuit of which she plans to go to Kos; while Sancar has the opposite view in referring to his deep roots which he can never abandon. Sancar and Mavi’s story – if there is to be one- is therefore poised between the two polarized positions of ‘leaving’ and ‘staying’; which strikes a familiar note as Sancar and Narê were perennially stranded between the two states. But on that sunny day sitting on the boat that never sailed, Mavi and Sancar embark on a new journey- that of helping to heal each other. Strongly reminiscent of Fatmagul and Kerim’s pact to heal together, the exchange of ‘confessions’ has had the desired effect and both recover enough to laugh a little while being taken to the police station for interrogation.

Symptomatic of how he feels, when asked about Mavi, Sancar has difficulty in determining how to describe her and finally settles for a lame embarrassed ‘friend.’ Somewhere between the early morning exchange of secrets and the mouth-watering lahmacun that they breakfast on, an easy camaraderie begins to lay the foundation for what seems poised to develop into a true friendship in future – though it is too early to tell. Halise and Melek’s planned arrival surprizes a wary Sancar who knows his mother well enough to know that she has a hidden agenda; however, the innocent, gracious invitation is accepted by Mavi at Melek’s request as the latter appraises her father’s beautiful friend. The dinner is a predictable disaster as a wan faced Melek has no appetite and Halise is at her autocratic offensive best. In Sancar’s absence as he puts Melek to bed, Halise’s conversation turns horrifically rude and shamelessly condescending under the cover of an introduction to ‘local tradition.’ Unphased by the obviously offensive and inquisite tone of Sancar’s mother, Mavi leaves quietly much to Elvan and Zehra’s consternation.

Upset by her inexplicable departure, Sancar unburdens himself to an attentive Kavruk after a brief unpleasant exchange of words with his mother. Despite his advice to let things be, we know that Halise will continue to direct her children’s lives as she sees fit. Ruminating over Mavi’s loss of her child and the condition he finds her in, Sancar attempts to understand Narê’s state of mind which led her to abandon her living child. We are forced therefore, to conclude that Narê truly believed Melek would be better off without her since she was not in a condition to look after herself, let alone her daughter. By this time, Sancar has worked himself up into a sleepless agitated state despite Kavruk’s advice to let time heal both Melek and Mavi. Sancar chooses instead to work through the night fixing shelves in Elvan’s new shop as an escape which ends with a delightful exchange between him and Bora who mistakes both Sancar and Kavruk for carpenters. Speaking of Elvan in what appear to be overly friendly terms, we glimpse shades of the Efe surfacing in Sancar’s ‘big brother’ warning to the coffee shop owner.

We cannot help but see a noticeable change in Sancar Efe since his police station adventure with Mavi. There appears to be certain boyishness in his demeanor which is completely at odds with the familiar authoritative Sancar Efe of old. It is clearly visible in their exchange while having breakfast and it is more than visible now as he peers through the window of Bora’s coffee shop. Deeply offended at Mavi for not having asked him for help and opting for Bora instead, Sancar turns to leave only to be asked to sit and listen to Mavi instead. The former highly successful corporate executive draws the boundaries between Sancar and herself as she refuses to have her life run by anyone other than herself. Without referring to his mother’s strange behavior the night before, Mavi spells out her independence and different life style clearly which, if unacceptable to Sancar, would mean that they should not see each other anymore. Truly hurt by the dismissive attitude, Sancar remains composed and leaves quietly without a backward glance at the decidedly contemplative Mavi while the story of Mavi and Sancar seems to have ended before it even began.

There was a time when every neighborhood had a domestic pet that was the bane of the old fashioned post man delivering mail. Usually a small dog, the animal would yap at the carrier and tear at his trouser leg until called to heel by the owner. Kahraman Boz played by a greatly talented singing actor Bülent Sakrak is a stocky barrel chested character with the energy of a solar powered lamp. Between bursts of anger, smiling villainy and frequent rosary breaking, Sakrak creates a terrier-like unforgettable portrait of a man scrabbling for power in opposition to the elegant business style of Sancar and Gediz. Unlike the two, Boz’s entire approach to business is fired by greed and covetousness, yet, the man has a softer side to him which he conceals with meticulous secrecy. A long time unscrupulous adversary who never forgets a slight or a perceived transgression, Boz’s transformation at the sight of his baby is nothing short of a miracle. Holding the squirming little body in his arms Boz forgets his past pain and loss for the first time in a decade. It matters little that the new born is as large as a six month old but it is truly unforgivable that production crew failed to find a new born in all of Mugla to play the transformational character! Sancar’s wonder at the baby is completely understandable as he missed out on seeing Melek when she was so tiny but what is truly heart-warming is that we witness the formation of a new family, full of hope and joy for a happy future. Bülent Sakrak’s presence was that of a contentious, energized character who slugged it out with an actor of Engin Akyürek’s caliber without giving an inch leaving us with some of the most forceful and enjoyable scenes of the series.

Another night and a delighted Melek being fed dinner by an attentive father is interrupted by an urgent phone call from Mavi urging Sancar to see her immediately. Going through Melek’s sketch book, Mavi sees the glaring changes in Melek’s drawing as they become increasingly colourless. From full colour drawings of a child feeding carrots to a black horse, a father pushing his daughter on a swing; the sketches change to black and white outlines of wilted flowers, a tearful goodbye and finally a drawing of a mother in a vibrant orange dress with a balding child close by. Mavi understands immediately what the long tress of Melek’s hair hidden between the pages means as she has lived through a similar phase herself. Sharing the news with a stunned Sancar, Mavi advises that Melek be taken to a specialist as soon as possible.

Each episode of Sefirin Kizi gives us a fresh glimpse of Engin Akyürek’s prodigious talent. As he holds the delicate soft wisps of his daughter’s hair in his hand, the camera moves to a shot of Akyürek’s face which pales visibly at the sight. Leaving in a deafening silence, the actor is next seen gingerly examining a sleeping Melek’s head. Akyürek’s face is a study in grief as his long fingers flutter over the soft baby hair and find the tell-tale patch where Melek has lost hair. Leaving as abruptly as he came, Akyürek looks as though the breath had been sucked out of his lungs and he finds it difficult to catch his breath. With his voice breaking and catching in his throat, he calls the only person he knows will understand while cursing himself as a father. While Akyürek impresses with his vocal mastery as much as he does with his facial expressions; he also conveys subtly but surely, his perception of how much of a failure Sancar believes he is – as a man, as a lover, as a father. Unfortunately, at that very moment Halise steps in with instructions to her own spy who inadvertently and tragically carries a small passenger to the hut without his knowledge.

A brief glance at Sancar’s face tells Mavi how painful it is for him to accept that he has been unable to play the role he had sworn to live by his whole life i.e. the quintessential protector and care giver. In failing the one most precious to him, Sancar seems to disintegrate before our very eyes into a myriad tiny pieces stamped with regret, sorrow and indescribable pain. That he holds on to Mavi like a drowning man clutching at a life jacket tells us the mighty Efe has finally been drawn to his knees by a wisp of his daughter’s hair. But life is still not done with him and there is much more sorrow coming his way as we see the stricken face of Melek framed by a window as she sees her father slumped limply against Mavi’s shoulder inside the very hut he had promised would belong only to the two of them. Çelebi could not have asked for a better chance to twist the knife into Sancar yet again. Dropping like a ripened apple into his lap, Melek tearfully begs her grandfather to take her to her mother whom she misses dreadfully. It is not so much the mother who had abandoned her that Melek weeps for, but the perceived betrayal by her father whom she had trusted and believed in that prompts her to ask for Çelebi’s help. She could not have asked for a worse ally!

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