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ENGİN AKYÜREK
AVEC DISNEY+ ET « L’ÉVASION », LA PREMIÈRE SÉRIE TURQUE À ÊTRE DIFFUSÉE EN VERSION ORIGINALE SUR CETTE PLATEFORME NUMÉRIQUE. NOUS SOMMES RÉUNIS PAR UNE CHAUDE JOURNÉE D’ÉTÉ AVEC LE TALENTEUX ACTEUR QUI A ÉCRIT L’HISTOIRE DE LA SÉRIE ET EN A JOUÉ LE RÔLE PRINCIPAL.
INTERVIEW : SERLİ GAZER BOYACI
PHOTOGRAPHIE : EMRE ÜNAL
DIRECTEUR DE MODE : TUĞÇE ÜLKÜMEN
STYLISTE : İLKNUR ŞEREF
Votre nouvelle série Kaçış (L’évasion) est maintenant disponible sur Disney+. Comment s’est déroulé le processus de production de votre projet pour une plateforme numérique après votre longue expérience dans les séries télévisées ?
Les séries télévisées turques connaissent depuis longtemps un succès important à l’étranger. Le secteur s’est à la fois développé et transformé au cours des dix dernières années, durant lesquelles j’ai moi aussi été largement impliqué. Nous sommes entrés dans un processus de production où des investissements sont réalisés en Turquie et où l’on voit apparaître de nombreux films et séries réalisées localement. Je pense que ce développement est très important et qu’il doit être pris au sérieux. L’évasion, la série que nous avons réalisée sur Disney+, sera diffusée dans beaucoup de pays dans le monde grâce à cette plateforme internationale. J’ai voulu utiliser cette voie de diffusion avec un intention positive et en mon nom. J’aimerais beaucoup que L’évasion contribue au développement de l’industrie des séries télévisées turques.
De quoi s’agit-il ? Quel genre de personnage jouez-vous ?
Dans L’évasion, je joue le rôle de Mehmet Yücel, un correspondant de guerre. C’est un personnage qui essaie depuis longtemps de briller dans sa profession mais qui n’a jamais obtenu ni la reconnaissance ni le succès auquel il aspirait. Un jour, il décide de traverser la frontière illégalement. Nous racontons l’histoire d’un homme qui veut réussir à tout prix, mais qui, dans la lancée, réalise que son esprit humanitaire et sa conscience sont mis à rude épreuve. On retrouve beaucoup d’histoires humaines dans cette aventure. L’évasion est en fait une histoire de changements avec des scènes passionnantes et de suspens…
Que dit la série sur le pouvoir de la photographie et la photographie en général ?
Notre protagoniste est un bon photographe, du moins c’est ainsi que son environnement le définit. Bien sûr, être photographe n’est pas rien. La photographie représente comme une sorte de témoin du temps, qui peut sceller ou figer un moment particulier. Si une prise de vue devient inestimable par son caractère unique, elle peut devenir intemporelle. En bon photographe, Mehmet se verra photographier l’atrocité du monde dans lequel il est plongé malgré lui, et sa mémoire ne pourra certainement jamais l’oublier. En fait, sa responsabilité de témoin lui pèse énormément.
C’est la première fois que nous vous voyons en tant qu’auteur, avec une histoire bien à vous. Comment cela a-t-il commencé ?
J’ai des « soucis » d’écriture. Je le ressens un peu plus chaque jour : en 2018, j’ai publié un livre de contes intitulé Sessizlik (Silence). C’était un peu l’expression de mes propres « soucis ». En 2017, je me suis mis à écrire L’évasion. Ce récit a en fait une structure et un sentiment différents de toutes mes autres histoires. Parfois, c’est impossible de prédire ce qui va nous inspirer et la direction que prendra notre récit. Ainsi, Escape (la série) n’ayant été créée que récemment, en 2022, je pense que chaque histoire, chaque mot couché sur le papier, doit attendre patiemment sa place et son heure pour briller… En tant qu’acteur, cette situation m’a également encouragée. Je veux continuer à écrire mes propres histoires et, bien sûr, à les réaliser à l’écran.
Nous savons que vous êtes profondément intéressé par la littérature. Vous avez écrit un livre de nouvelles intitulé Sessizlik (Silence). En comparaison, comment interprétez-vous la valeur littéraire de L’évasion ?
Il serait erroné d’analyser L’évasion d’un point de vue de sa valeur littéraire. Ainsi, je préfère ne point m’engager à faire des analyses et commentaires sur mon propre travail ou même sur toutes les histoires que j’ai écrites. Laissons cela au public et au lecteur. Cependant, j’aimerais beaucoup que L’évasion puisse être reconnue comme une série télévisée unique en son genre.
Que signifie l’écriture pour vous ?
J’écris sur tout ce qui concerne mes rêveries, mon imagination, mes soucis, ou encore mon enfance. Parfois, cela ressemble à un voyage dont on ne connaît pas la fin…
Comment évaluez-vous cette expérience par rapport à vos précédents rôles d’acteur ?
Tout d’abord, j’ai pu interpréter l’histoire d’un homme dont je rêvais de jouer le rôle et à propos duquel je voulais écrire. Ceci a une valeur en soi et occupe pour moi une place significative sur le plan spirituel. Bien sûr, l’histoire que j’avais imaginée s’est quelque peu transformée et s’est développée avec le personnage, le scénario et le déroulement de tournage. Il devait en être ainsi en raison de la nature de notre métier. Mais le fait de m’être senti partenaire de mon propre rêve m’a énormément apporté en tant qu’acteur.
Quel est le personnage que vous avez le plus aimé incarner jusqu’à présent ?
J’essaie toujours de répondre sincèrement à cette question. Je me pose souvent cette question. En tant qu’acteur, vous devez faire vos adieux au personnage que vous incarnez. Bien sûr, le succès de l’œuvre dans laquelle vous travaillez et le lien que vous avez tissé avec le personnage font que parfois vous restez attaché à une production, mais l’acteur doit apprendre à s’en défaire. En ce qui me concerne, le dernier personnage incarné reste toujours dans ma mémoire et dans mon cœur, du moins jusqu’à ce que je commence un nouveau rôle… C’est ainsi que je gère ma relation avec le métier d’acteur.
Avez-vous aussi des échappatoires dans votre vie personnelle ? Que préférez-vous faire lorsque vous êtes fatigué mentalement, par exemple ?
J’adore la plongée sous-marine. Les nuances de bleu et le reflet du soleil sous l’eau ont toujours fait du bien à mon âme. La lecture d’un livre aussi peut très bien me faire oublier ma fatigue.
Tout au long de votre carrière, vous avez exercé différents rôles dans de nombreuses régions de la Turquie. Que ressentez-vous en voyageant et comment évaluez-vous cette expérience ?
Le fait de se déplacer dans une région particulière pour un tournage n’est rien d’autre qu’un déplacement pour le travail. On ne peut pas considérer cela comme lorsqu’on entreprend un voyage de loisir… C’est un processus dans lequel vous quittez votre propre zone de confort pour vous ajuster à un nouveau cadre et une nouvelle expérience. Ainsi, ce n’est pas le même sentiment que lorsque vous voyager pour le plaisir. Lors des tournages, vous devez vous immerger pleinement dans l’environnement afin de vous mettre en harmonie avec le personnage et l’histoire que vous allez jouer. Cela requiert un effort substantiel de la part de l’acteur. En fait, je crois que la meilleure partie du voyage c’est le retour à la maison, même si je reviens d’un tournage dans un des plus beaux endroits au monde…
Travaillez-vous actuellement sur un nouveau livre ?
Le temps me manque en raison de mon emploi du temps chargé. Cependant, j’ai accumulé beaucoup d’histoires et je voudrais à nouveau écrire et publier un livre. J’espère que ceci pourra se réaliser d’ici à quelques temps.
Comment se déroule une journée ordinaire ?
Lorsque je ne travaille pas, j’aime passer du temps dans mon quartier résidentiel. Je préfère passer une journée ordinaire, tout à fait ordinaire. J’aime agir librement sans contrainte et sans devoir regarder ma montre à chaque instant. Mon métier est basé sur la discipline et les mathématiques de la bonne utilisation du temps. Alors, durant une journée de repos, j’essaie de ne pas m’y conformer et ainsi je profite pleinement de mon temps libre.
Vous donnez l’impression de quelqu’un de très modeste, sans ego. Êtes-vous vraiment comme ça ?
Je ne peux pas répondre à cette question car ce ne serait pas juste de se juger par soi-même. Peut-être les personnes qui me connaissent pourront-elles vous répondre. Ceci dit, je pense que la relation que nous entretenons avec l’ego est très importante. Nous avons tous un ego ; j’essaie d’établir une relation saine avec le mien. Il y a parfois des moments où il ne m’écoute pas, mais pour l’instant, tout va bien.
D’après ce que je peux voir dans vos précédentes interviews, vous êtes une personne qui réfléchit aux changements du monde et du passé. Alors, comment étaient le passé et l’enfance d’Engin Akyürek ?
Le passé est notre mémoire à tous. C’est un point de référence important pour notre moment présent, sans parler de l’avenir. Le monde a connu un grand changement au cours des vingt dernières années. J’ai également vécu ce changement avec mon enfance : les lieux, les formes de socialisation, le lien que nous établissons avec la vie et nos rêves ont changé. Je n’aime pas percevoir ces changements d’un point de vue négatif. Nous devons nous développer par nature. Les choses que j’ai envie de raconter, comme mes problèmes, commencent en fait par ces questions : comment se comporte-t-on face au changement ? Comment notre âme s’adapte-t-elle, ou non, à ces situations ?
Quelle est la place de l’amour dans votre vie ?
L’amour est toujours présent dans nos vies, comme avec un mot ou un sentiment. Il entre dans nos vies parfois comme une quête, parfois comme un espoir. Mais nous ne connaissons jamais le vrai sens de l’amour—qu’il nous frappe droit au cœur ou à l’esprit—jusqu’à ce que la personne fasse son apparition. Je souhaite toujours qu’il me frappe droit au cœur, bien sûr…
Qu’est-ce qui est le plus beau et le plus difficile, selon vous, dans le fait d’être populaire ?
Je préfère être reconnu par les mots plutôt que d’être populaire. Dans un métier comme le mien, c’est très gratifiant de ressentir le succès dans tous les sens du mot par des commentaires positifs. Je me plais à m’attacher aux bons côtés de cette profession, sans pour autant oublier que chaque métier renferme des côtés difficiles.
Que ferez-vous cet été ?
Je voudrais passer du temps à la maison et me remettre à écrire.
Quelle est votre plus grande réussite dans la vie ?
Je fais un métier que j’adore et c’est pour moi ce qu’il y a de plus gratifiant.
Quel genre de rêves avez-vous pour l’avenir ?
Je n’ai pas d’aspirations concrètes, mais il y a toujours de belles émotions, des couleurs et des senteurs dans mes rêves. J’aime m’abandonner au temps et vivre avec le sentiment que de bonnes choses sont prévues dans mon avenir. Mc
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COVER STAR
Interview with Marie Claire, the magazine Man (No. 10, July 2022)
ENGİN AKYÜREK WITH DISNEY+ AND ‘ESCAPE,’ THE VERY FIRST TURKISH SERIES TO BE BROADCASTED IN ITS ORIGINAL VERSION ON THIS DIGITAL PLATFORM. WE ARE MEETING ON A HOT SUMMER DAY WITH THE SUCCESSFUL ACTOR WHO WROTE THE STORY AND STARS IN THE SERIES.
INTERVIEW: SERLİ GAZER BOYACI
PHOTO: EMRE ÜNAL
FASHION DIRECTOR TUĞÇE ÜLKÜMEN
STYLIST: İLKNUR ŞEREF
Your new series Kaçış (Escape) is now available on Disney+. How was the process of producing your project for a digital platform after your long experience in TV series?
Turkish TV series have long been very successful abroad. The sector has both developed and transformed over the last ten years, during which I too have been heavily involved. We have entered a production process where investments are being made in Turkey and many films and series are being made locally. I think this development is very important and should be taken seriously. Escape, the series we made on Disney+, will be broadcasted in many countries around the world through this international platform. I wanted to use this channel with a positive intention and in my name. I would love to see Escape contribute to the development of the Turkish TV series industry.
What is it about? What kind of character do you play?
In Escape, I play Mehmet Yücel, a war correspondent. He is a person who has been trying to shine in his profession for a long time but has never achieved the recognition and success he was hoping for. One day, he decides to cross the border illegally. We tell the story of a man who wants to succeed at all costs, but in the process, he realizes that his humanitarian spirit and consciousness are being tested to the limit. There are many human stories in this adventure. Escape is in fact a story of changes with exciting scenes and suspense…
What does the series say about the power of photography and photography in general?
Our protagonist is a good photographer, at least that’s how his environment defines him. Of course, being a photographer is significant. Photography represents a sort of witness of time, which can seal or freeze a specific moment. If a photo becomes priceless by its uniqueness, it can become timeless. As a good photographer, Mehmet will see himself photographing the atrocity of the world in which he is plunged in spite of himself, and his memory will certainly never forget it. In fact, his responsibility as a witness weighs heavily on him.
This is the first time we’ve seen you as an author, with a story of your own. How did it start?
I have « worries » about writing. I feel it a little more every day: in 2018, I published a book of stories called Sessizlik (Silence). It was a bit of an expression of my own « worries ». In 2017, I started writing Escape. This story actually has a different structure and feeling than all my other stories. Sometimes it’s impossible to predict what will inspire us and the direction our story will take. Thus, with Escape (the series) having been created only recently, in 2022, I think that each story, each word put on paper, must patiently wait for the proper place and time to shine… As an actor, this situation has also encouraged me. I want to continue writing my own stories and, of course, bring them to the screen.
We know that you are deeply interested in literature. You wrote a book of short stories called Sessizlik (Silence). In comparison, how do you interpret the literary value of Escape?
It would be wrong to analyze Escape from the point of view of its literary value. Thus, I prefer not to engage in the analysis and commentary of my own work or even of all the stories that I have written. Let’s leave that to the audience and the reader. However, I would love it if Escape could be recognized as a unique television series.
What does writing mean to you?
I write about everything that concerns my dreams, my imagination, my worries, or my childhood. Sometimes it’s like a journey where you don’t know the end…
How do you evaluate this experience compared to your previous acting roles?
First of all, I was able to play the story of a man whose role I dreamed of playing and about whom I wanted to write. This has value in itself and has spiritual significance for me. Of course, the story I had imagined changed and developed somewhat with the character, the script and the shooting process. It had to be that way because of the nature of our business. But the fact that I felt like a partner in my own dream was very rewarding as an actor.
Which character have you enjoyed playing the most so far?
I always try to answer this question truthfully. I often ask myself that question. As an actor, you have to say goodbye to the character you play. Of course, the success of the work you’re doing and the bond you’ve formed with the character means that sometimes you stay attached to a production, but the actor has to learn to let go of that. For me, it’s the last character I played that remains anchored in my memory and my heart, at least until I start a new role… This is how I manage my relationship with acting.
Do you also have escapes in your personal life? What do you prefer to do when you are mentally tired, for example?
I love scuba diving. The shades of blue and the reflection of the sun underwater have always done my soul good. Reading a book can also make me forget my fatigue.
Throughout your career, you have played in different roles in many parts of Turkey. How do you feel about traveling and how do you evaluate this experience?
Traveling to a particular region for a shooting is nothing more than traveling for work. It can’t be considered the same as when you undertake a leisure trip… It’s a process in which you leave your own comfort zone to adjust to a new setting and a new experience. So, it’s not the same feeling as when you travel for pleasure. When shooting, you must fully immerse yourself into the environment in order to fit in with the character and the story you are going to play. This requires a substantial effort on the part of the actor. In fact, I think the best part of the trip is coming home, even when I just return from shooting in one of the most beautiful places in the world…
Are you currently working on a new book?
I don’t have time because of my busy schedule. However, I have accumulated a lot of stories and I would like to write and publish a book again. I hope that this will be possible in the near future.
What is an average day like?
When I’m not working, I like to spend time in my residential neighborhood. I prefer to spend an ordinary day, quite ordinary. I like to act freely without constraints and without having to look at my watch all the time. My job is based on discipline and the mathematics of the proper use of time. Thus, on a day off, I try not to conform to that in order to enjoy my free time.
You give the impression of a very modest person, without ego. Are you really like that?
I can’t answer this question because it wouldn’t be fair to judge oneself. Maybe people who know me will be able to answer your question. Having said that, I think the relationship we have with the ego is very important. We all have an ego; I try to have a healthy relationship with mine. There are times when it doesn’t listen to me, but for now it’s fine.
From what I can see in your previous interviews, you are a person who reflects about the changes in the world and the past. So, what was the past and Engin Akyürek’s childhood like?
The past is our memory to us all. It is an important reference point for our present moment, not to mention the future. The world has undergone a great change in the last twenty years. I also experienced this change with my childhood: the places, the forms of socialization, the connection we make with life and our dreams have changed. I don’t like to see these changes from a negative point of view, though. By nature, we have to develop. The things I want to talk about, like my problems, actually start with these questions: how do we deal with change? How does our soul adapt, or not, to these situations?
Where does love fit in your life?
Love is always present in our lives, as with a word or a feeling. It enters our lives sometimes as a quest, sometimes as hope. But we never know the true meaning of love-whether it hits us right in the heart or in the mind-until the person makes an appearance. I always wish it would hit me right in the heart, of course…
What do you think is the best and hardest part about being popular?
I would rather be recognized by words than be popular. In a profession like mine, it’s very rewarding to feel success in every sense of the word through positive feedback. I like to focus on the good things about this profession, but I also like to remember that every profession has its rough edges.
What will you be doing this summer?
I would like to spend some time at home and get back to writing.
What is your greatest achievement in life?
I’m doing a job that I love and it’s the most rewarding for me.
What kind of dreams do you have for the future?
I have no concrete aspirations, but there are always beautiful emotions, colors and scents in my dreams. I like to surrender to time and live with the feeling that good things are in store in my future. Mc
Remerciements / Thanks : Roselyne Javed / Faryal Ruttee
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