ARKA BAHÇE – L’arrière-cour – The Backyard

ARKA BAHÇE – L’arrière-cour – The Backyard

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Auteur: Engin Akyürek
Kafaşına göre #38 Edition: Mai – Juin 2021

DANS LE PARC DERRIÈRE L’ÉCOLE

Je m’adosse contre un rocher dans le parc derrière l’école. Je refoule le silence qui règne en moi, je regarde les nuages s’arrêter dans le ciel et j’évalue mes intentions. Hakan s’agrippe au sac autour de son cou et regarde les oiseaux se poser sur le toit. Hakan est un garçon qui, même dans les moments les plus regrettables, parvient à se sentir à l’aise, et il le fait, non pas parce qu’il en ressent le besoin, mais parce que la vie l’exige.

Le froid d’Ankara pénètre tout mon corps et le rend captif. La douleur de l’amour est la seule chose à laquelle je peux penser. J’enfile le sac abandonné sur mon dos, mais je n’ai ni la force ni le courage de me lever de là où je suis. Nous n’avons pas beaucoup de temps pour parler ou nous inquiéter. Nous ne sommes pas allés en classe, nous sommes restés dans le parc derrière l’école. Encor quinze minutes avant la sonnerie.  Bientôt le parc sera rempli de fumeurs, de vagabonds aux dépens des autres, de pauvres. Je brise le silence avec les mots qui sortent de ma bouche :

« Que va-t-il advenir de nous maintenant, mon frère ? »

« Ne me le demande pas, frère. Elles nous ont encore largués, nos cœurs sont de nouveau blessés. Que va-t-il nous arriver maintenant ? »

C’est ce que je déteste le plus chez Hakan – d’abord il atténue la question qui lui a été posée, puis, comme s’il l’avait inventée lui-même, il te la retourne de nouveau pressante.

« Ne me pose pas la question que je t’ai déjà posée, petit ! »

La sonnerie retentit et une foule d’étudiants, écouteurs bourdonnant aux oreilles, se répand de partout – un groupe de drogués, une bande d’’incapables de 2ème année qui traînent autour de nous dans le parc, en quête de communication. Fumer une cigarette avant de rentrer chez eux fait déjà partie de leur système éducatif. Aussitôt que la foule nous entoure, la joie, qui était déjà là, s’estompe complètement et les nuages denses contribuent à créer leur propre obscurité. Hakan me regarde dans les yeux et fait remarquer : « Il est temps de partir, mon frère. »

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Les élèves les plus âgés ont immédiatement pris possession du parc situé derrière l’école. Parmi eux, les élèves de 2ème année – de gros gaillards qui se rasent tous les jours – s’approprient les baraques. Ces jeunes hommes, aux pantalons retroussés, vaniteux, s’échangent avec finesse des paquets de cigarettes, des briquets et leurs voix rauques diffusent des rires gorgés de fumée. Nous sommes au lycée et ils ne nous taquinent pas, mais si tu t’aventures dans le parc derrière l’école, rien de bon ne va t’arriver. Si tu fumes, tu peux te retrouver le visage aplati par le paquet de cigarettes que tu tiens dans tes mains, et entre deux coups, tu peux recevoir des conseils paternels de ceux qui dominent le parc.

« Tu n’as pas honte, mon garçon ? Tes parents t’ont envoyé ici pour étudier, ils ont surmonté mille et une difficultés pour que tu puisses avoir de l’argent de poche. Tu n’as pas honte de le dépenser en cigarettes ? » 

Et entre deux conseils, ils ne manqueront pas de te donner une gifle enveloppée de fumée de cigarette. Si tu t’obstines à rester et que la douleur des claques ne t’a pas convaincu d’abandonner, tu devras racheter les cigarettes qu’ils t’ont prises. Vous vous rendez compte que vous avez sombré dans des marées troubles et que vous êtes pris au piège vers le chemin de la dépendance. L’atmosphère côté cour crée une dépendance. Quand nous avons des problèmes, nous traînons ici avec Hakan. Hakan a perdu son amour platonique, j’ai été larguée, alors nous avons été condamnés au parc derrière l’école.

Il est temps de partir, les nuages gris d’Ankara se cachent entre les toits, essayant de nous dire quelque chose. Nous quittons le parc, mais nous n’avons pas pu parler, nous détendre ou encore déverser nos âmes. Hakan a hissé le sac vide sur ses épaules et s’est levé.

« Je ne pourrais plus jamais rentrer à la maison, mon frère… »

« Moi non plus, mon frère… »

Le parc se vide peu à peu, la gaieté et le bruit s’estompe. Les grands fument les dernières cigarettes et poursuivent leurs conversations tout en quittant le parc. Un visage caché dans l’ombre des pins observe silencieusement la scène. C’est quelqu’un de nouveau, on le devine à l’ombre sur son visage. Le soleil du soir se montre une dernière fois en illuminant ce visage un court instant. Il ressemble à un moineau, admiré par sa bien-aimée, qui a croisé ce groupe par hasard. Hakan s’approche de moi et il dit sur un ton perplexe si bas que je peux encore l’entendre.

« Frère, on dirait que c’est une fille ! »

Du même ton, je réponds :  

« Oui, mon frère, comment a-t-elle atterri parmi ces humanoïdes ? »

Ils sont une douzaine de personnes dans cette compagnie mélangée et ils ne se déplacent jamais séparément. Ils mangent, ils boivent, ils font toutes sortes de saletés ensemble, ils plaisantent grossièrement avec les nouveaux venus, mettant fin à leur parcours éducatif. Qu’est-ce qu’une fille au visage innocent peut bien faire parmi eux ? Elle a les cheveux raides, une couleur de peau qui a volé la blancheur du lait, et dans ses yeux se cache l’ombre triste caractéristique des bonnes personnes. Hakan fait tomber son sac et se penche vers moi.

« Mon frère, je voudrais te dire quelque chose… »

« Allons-nous en ! Nous nous occuperons de nos problèmes demain. »

« Écoute-moi, mon frère ! »

Si les yeux d’Hakan se mettent à pétiller et qu’il parle vite, c’est que de nouveaux problèmes vont venir s’accumuler sur nos têtes.

« Asseyons-nous sur ce rocher et je vais t’expliquer quelque chose. »

Nous posons à nouveau nos fesses sur la pierre froide et retournons là où notre journée a commencé.

« Qu’est-ce qu’il y a, mon frère ? »

« Mon frère, elles nous ont largués, elles ont brisé nos cœurs. Nous avons aimé fortement, mais n’avons rien reçu en retour. Nous ne le méritons pas, mon frère… »

– Alors ?

« Il est temps de se venger, mon frère. »

Je comprends les intentions d’Hakan qui passent de sa pensée à sa bouche, mais je fais semblant de ne pas comprendre :

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Je n’y comprends rien du tout… »

« Il y a une fille dans le parc derrière l’école … c’est évident qu’elle est nouvelle et elle ne sait pas à quel genre de gaillards elle a affaire. »

– Et alors ?

« Nous allons la faire tomber amoureuse de nous, mon frère. Toi de ton côté, et moi du mien. »

– Et ensuite ?

« Mon frère, est-elle belle ? »

– Pas vraiment.

– Comment ça, « pas vraiment » ? Elle est carrément laide et nous aurons notre vengeance grâce à son ignorance.

Le clignement rapide des yeux d’Hakan lui donne un regard fou. Il pense qu’ainsi il pourra se débarrasser du sentiment d’insulte, du rêve inassouvi, de la douleur amoureuse en lui. D’accord, j’ai aussi des sentiments, et j’ai été offensé, mais je ne veux pas que les sentiments engloutissent mon esprit et obscurcissent ma conscience. Hakan m’explique le plan qu’il a en tête, et nous nous mettons à fixer tous deux la fille aux cheveux raides dont nous ignorons le nom. Je ne peux plus supporter cette idée lugubre et malveillante :

« Tu dis n’importe quoi, mon frère… quelle vengeance ? »

« Réfléchis sérieusement, mon frère. On va s’amuser tous les deux et voir ce que c’est que de faire tomber quelqu’un amoureux de nous pour ensuite la larguer ».

C’est du Hakan tout craché – il vous lance une idée absurde dans laquelle il vous embobine, puis il attend que vous fassiez le premier pas.  Et il le fait avec une maîtrise tellement désirable ! Parfois, il peut être si convainquant que s’il créait un parti, vous voteriez pour lui.  

Sur le chemin du retour, je me demande pourquoi j’ai accepté de poursuivre cette idée si malveillante, mais l’ennui et le désir d’excitation cachés au plus profond de nous l’emportent. Tout au long de notre vie, ces intentions qui semblent si innocentes, résident en nous comme des invités qui ne sont pas les bienvenues, en raison de l’âge ou de notre comportement pubertaire.

Le lendemain, Hakan enquête sur la fille – elle s’appelle Ceren, elle vient tout juste d’arriver et comme elle n’a pas d’amis, on l’a poussée dans la bande des vaniteux. Le plan d’Hakan est de rencontrer Ceren séparément, à des moments différents, et de tomber amoureux d’elle le plus vite possible.

S’il existe une chose que l’on appelle soi-disant « l’imprudence », je suis en train de la vivre. Il existe un petit garçon au fond de mon âme que je ne peux m’empêcher de caresser, et c’est lui qui me met dans cette situation.

À différents moments, nous rencontrons Ceren, et tous les problèmes et leçons sont mis de côté. Nous tombons amoureux d’un jeu sans fin. Hakan rencontre Ceren les deux premiers jours de la semaine, il la courtise et la traite comme si elle était la plus belle fille de notre école. Je prends la relève le mercredi et le jeudi. Le vendredi, nous nous retrouvons tous les trois et nous nous promenons même dans le parc derrière l’école.

Avec le temps, Ceren oublie l’étonnement qui l’avait saisie au début, et elle commence à s’habituer à la situation. Les premiers jours, chaque compliment la fait rougir, mais petit à petit, une lueur d’acceptation brille dans ses yeux. Ce changement nous affecte également. Au début, nous partageons tout ce qui se dit lors des rencontres, les ennuis, nous apprécions le goût du jeu que nous avons organisé. A la longue, les souvenirs s’accumulent et les détails que nous partageons entre nous diminuent. Hakan résume ses phrases et commence même à laisser du vide dans ce qu’il veut dire. Après une longue période, je remarque que je garde aussi pour moi des détails importants sur Ceren. Il y a quelque chose chez cette fille qui la distingue des autres. Elle est loin d’être la plus belle fille du lycée, elle est même l’une des plus ordinaires et personne dans sa classe ne s’intéresse à elle. Si vous avez choisi de tomber amoureux de la plus belle fille de l’école, vous vous confrontez à un exemple très inapproprié avec Ceren.

En pratique, c’est un peu comme une sorte de découverte que de pouvoir parler à quelqu’un, d’écouter les mêmes groupes, d’aimer les mêmes écrivains, d’apprendre quelque chose que l’on ne connaissait pas auparavant. C’est découvrir la richesse d’une âme cachée derrière l’apparence. Je sais que lorsque Hakan commence à se frotter le nez pendant une conversation, c’est qu’il a quelque chose à cacher. De qui Ceren tombera-t-elle amoureuse ? Qui regardera-t-elle avec des yeux brillants… ?

Et quand nous découvrirons qu’elle est amoureuse, comment nous retirerons-nous ? En la regardant dans les yeux le plus calmement du monde, nous nous éloignerons d’elle et nous savourerons le goût de ce sentiment ancré dans nos âmes ?

Le sentiment qui prévaut dans mon âme est que les deux résultats possibles ne prédisent rien qui vaille. Si je montre plus d’intérêt pour Ceren, qu’elle tombe amoureuse de moi et que je réalise notre plan, j’agirai comme un salaud. Si je cesse de m’intéresser à elle, l’idée que Ceren tombe amoureuse de Hakan m’enlève toute satisfaction.

Le vendredi, nous allons tous les trois au parc derrière l’école. Hakan cherche un auditeur pour ses blagues dépassées et ne me regarde même pas dans les yeux. Nous essayons tous les deux de mettre un peu de nos sourires sur le visage de Ceren, nous ne nous regardons pas et ne nous tournons pas l’un vers l’autre pendant la conversation. Hakan essaie de paraître heureux, mais sous son apparence calme se cache une série de phrases toutes faites qui n’attendent qu’une occasion ; la détermination dans ses yeux en dit long. Le vent glacial d’Ankara nous lèche le visage, nous laissant sans voix. La sonnerie de l’école retentit, la bande dans le parc derrière l’école prend sa place. Le vent froid remplit nos âmes, et nous écoutons son silence. Un silence brisé par Hakan :

« Ceren, je voudrais te dire quelque chose. Viens un moment. »

Il se lève brusquement et désigne du regard l’endroit situé sous le pin. À cet instant, le vent froid me brûle l’âme, et les battements de mon cœur sont incapables d’entendre autre chose. En un instant, je suis moi aussi debout :

– Qu’est-ce qu’il y a, mon frère ? Assieds-toi ici !

« Je vais lui dire quelque chose de spécial, mon frère… »

Ceren, bien callée sur la pierre sur laquelle elle est assise, nous regarde avec étonnement. Lorsque Hakan exprime son intention, je m’accroche à son bras comme une pince et le traîne jusqu’au pin qu’il avait désigné. Hakan reste silencieux pendant un long moment, attendant que je déclenche la bagarre. Sans mesurer, sans couper, sans calculer, je lui lance ma première phrase stupide : « C’est bon mon frère, on arrête là ce jeu absurde. Nous sommes tous les deux intéressés et devons quitter cette situation mensongère.  On arrête le jeu. Laissons la fille tranquille. »

Je dis tout ça d’une traite, avec un sérieux dont je ne m’attends pas moi-même. Hakan garde ses phrases toutes faites pour lui. Il me regarde dans les yeux, calmement :

« Je suis tombé amoureux de Ceren, mon frère, et je compte le lui dire, et tu peux quitter la partie. »

J’entends tout ce à quoi je m’attendais, mais il me faut du temps pour que cela s’enregistre au plus profond de mon cœur meurtri. Je réagis de manière inattendue en infligeant à Hakan un coup de poing à l’œil.

« Moi aussi, je suis amoureux d’elle, petit mec, moi aussi ! Et toi, tu es un salaud, mon frère, une ordure qui ne cherche qu’à profiter de la situation ! »

Moi aussi, je suis amoureux d’elle!

Hakan également m’administre carrément une gifle par ses mots :

« Tu n’es qu’une crapule, petit mec, rien qu’une crapule ! Si je n’étais pas venu aujourd’hui, tu aurais séduit la fille.

Nous nous battons dans le parc derrière l’école, nous nous battons pour du vrai, le sang gicle de nos bouches et de nos nez, nous nous insultons, nous roulons par terre, tout cela pour prouver notre amour.  Nous arrivons à un état tel que nous manquons d’air pour respirer et nous ne pouvons plus même soulever nos têtes à cause des coups que nous avons reçus. Ceren n’est plus sur le rocher sur lequel nous étions assis il y a un moment. Nous voyons tous les deux le rocher nu et nous avalons des bouffées d’air froid. Les nuages nous accueillent. Hakan tourne la tête dans la direction des voix qui s’élèvent de la bande de gaillards de 2ème année. J’essuie le sang qui coule de mon nez et regarde là-bas aussi. Le soleil du soir projette une ombre sur le visage de Ceren, elle se retrouve au milieu de la clique. Elle tient une cigarette à la main et son regard reflète une expression qui ne lui est pas familière. Peut-être qu’à ce stade, c’est tout ce que l’on veut voir. Elle laisse échapper un sourire en même temps que la fumée qu’elle avale et ne peut garder bien longtemps sous les fossettes de ses joues. Hakan observe, autant étonné que moi, pendant que le sang de son nez s’égoutte sur mon cou.

« Mon frère, elle fume… »

Ceren fume une cigarette en traversant le parc derrière l’école et nous regarde d’un air stupéfait. Le sang qui coule de mon nez se fige :

« Mon frère, elle fume… »

Hakan et moi nous mettons à rire. Nous ricanons, nous nous regardons et nous montrons du doigt là où nous nous sommes battus. Les larmes coulent de nos yeux, nous nous tapons sur l’épaule, nous poussons des hurlements et nous rions ensemble.

« Mon frère, elle fume… »

Sophomore est un terme anglais américain utilisé pour décrire une deuxième ou une seconde « action ». Son usage est plus commun comme un substantif désignant un étudiant en deuxième année d’étude (en général, se référant à l’école secondaire ou à l’université) et cela notamment dans le domaine sportif.

Remerciements : Roselyne

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English Version 👇

Kafaşına göre, #38, May – June 2021

IN THE PARK BEHIND THE SCHOOL

I lean my body on a piece of stone in the park behind the school. I push the silence inside myself, I watch the clouds stop in the sky and I evaluate my intentions. Hakan clutches the bag between his neck and head and watches the birds land on the roof. Hakan is a boy who, even in the most unfortunate moments, manages to provide himself with comfort, and he does so, not because he feels the need, but because life demands it.

The Ankara cold penetrates my ass all over my body and takes him captive. The only thing I can think about is the pain of love. I slip the discarded bag under the back of my head, but I have neither the strength nor the courage to get up from my seat. We do not have much time for talking or worrying. We did not go to class, we stayed in the park behind the school. Fifteen minutes to the bell. Soon the park will be filled with smokers, vagrants at the expense of others, the poor. I break the silence with the words in my mouth:

« What will happen to us as we are, brother? »

« Don’t ask, brother. » They dumped us again, our hearts hurt again. What will happen to us as such?

This is what I hate most about Hakan – first he cools down the question you asked him, and then, as if he invented it himself, he serves it back to you reheated.

« Don’t ask me the question I asked you, little one! »

The bell rings and a crowd of students with headphones buzzing, bursting everywhere – a group of drug addicts, a gang of useless sophomores hanging around us in the park, looking for communication. Smoking a cigarette before going home has already become part of their education system. When the crowd surrounds us from all sides, the pleasure, which is already there, evaporates completely and the condensed clouds create their own darkness. Hakan looks me in the eye and points – it’s time to go, bro.

The oldest students immediately took possession of the park behind the school. Among them are sophomores aged for the barracks – huge men who shave every day. These young men with rolled-up legs, in love with themselves, masterfully exchange boxes of cigarettes, lighters and their harsh voices scatter smoke-soaked laughter. We are in middle school and they don’t tease us, but if you’re a rabbit and you go to the park behind the school, nothing good will happen to you. If you smoke a cigarette, the box in your hands can flatten you in the face, and in between blows you can get paternal advice from the rulers of the area:

« Aren’t you ashamed, boy? » Yours have sent you here to study, they have overcome a thousand and one difficulties to give you pocket money. Aren’t you ashamed to spend them on cigarettes?

And between the tips, they won’t fail to hit you with a slap wrapped in cigarette smoke. If you insist on staying and the pain of the slaps has not convinced you to give up, you must buy back the cigarettes they took from you. You see that you have fallen into something like a swamp, and you are stuck in the bad path of addiction. The atmosphere in the backyard is addictive. When we have problems, we hang out here with Hakan. Hakan lost his platonic love, I was dumped, so we were sentenced in the park behind the school.

It is time to go, the grey Ankara clouds are hiding between the roofs, trying to tell us something. We leave the park, but we have not been able to talk, relax or pour out our souls. Hakan slung the empty bag over his shoulder and stood up.

« I would never go home, bro … »

And I also shake my head:

« And I never, bro … »

The park is gradually deserted, the merriment and noise subside. The big ones smoke the last cigarettes and continue the conversations on the go. A face hidden in the shade of the pines silently watches the scene; novice, it is clear from the shadow on his face. The evening sun sends a final greeting and illuminates this face for a moment. He looks like a sparrow, admired by his beloved, who came across this group by chance. Hakan approaches me and lowers his puzzled tone so much that I can still hear him.

« Brother, this seems to be a girl! »

I answer in the same tone:

« Yes, brother, how did she end up among these humanoids? »

There are a dozen people in this mixed company, they never move separately; they eat, they drink, they do all sorts of filth together, they joke rudely with the newcomers, ending their educational journey. What is this girl with a clean face doing among them? She has straight hair, skin color that stole the whiteness of milk, and in her eyes is hidden the sad shadow characteristic of good people. Hakan pulls out his bag and leans toward me.

« Brother, let me tell you something … »

« Let’s go, we’ll worry about our problems tomorrow. »

« Listen to me, brother! »

If Hakan’s eyes begin to twinkle and speak quickly, then new troubles are accumulating above our heads.

« Let’s sit on this rock and I’ll explain something. »

We lean our butts on the cold stone again and return to where our day began.

« What’s up, bro? »

‘Brother, they dumped us, they broke our hearts; we loved strongly, but received nothing; we don’t deserve it, brother …

– Well?

« It’s time for revenge, brother. »

– And then?

« Brother, is she beautiful? »

I understand the intentions creeping from Hakan’s brain to his mouth, but I play a misunderstanding:

« What are you talking about, I don’t understand anything … »

« We have a girl in the park behind the school … she’s clearly new, she doesn’t know what kind of bear they are. »

– And what?

« We’ll make her fall in love with us, brother. You’ll work separately and I’ll work separately. »

– Not much.

– How so « not much »? She is downright ugly and we will get our revenge through her ignorance.

Hakan fills his fast-moving eyes with a mad look. He thinks that in this way he will be able to get rid of the feeling of insult, of the unfulfilled dream, of the love pain in himself. Okay, I have feelings too, and I’ve been offended, but I don’t want the feelings to engulf my mind and darken my conscience. Hakan explains the plan to me in his head, and we both stare at the straight-haired girl whose name we don’t know. I can no longer stand this gloomy malicious idea:

« You’re talking nonsense, brother … what revenge? »

« Think seriously, brother, we’ll both have fun and see what it’s like to make someone fall in love with you and then dump them. »

This is Hakan – he throws you some absurd idea, turns you into part of it and then waits for you to take the first step. And he does it with enviable mastery. Sometimes he is so convincing that if he creates a party, you will vote for it.

On the way home, I ask myself why I agreed with this malevolent idea, but the boredom and desire to feel excitement hidden in each of us prevails. Throughout our lives, these intentions, which always try to look innocent, live in us as uninvited guests, either of age or of our pubertal behavior.

The next day, Hakan investigates the girl – her name is Ceren, she just came and because she has no friends, they pushed her into the rabbit gang. Hakan’s plan is to meet Ceren separately, at different times, and to fall in love with her as soon as possible.

If there is such a thing as so-called « imprudence, » I live through it; there is a little boy in my soul who I can’t stop rubbing my hands on, and he gets me into this situation.

At different times we meet Ceren, all problems and lessons are set aside. We fall in love with an endless game. Hakan meets Ceren during the first two days of the week, courtesy her and treats her as if she were the most beautiful girl in our school. I fill in Wednesday and Thursday. On Friday, the three of us gather and even walk in the park behind the school.

In time, Ceren shakes off the astonishment that gripped her at first and begins to maintain the situation. In the first days, every compliment makes her cheeks blush, but over time it begins to bring an accepting smile to her eyes; its change affects us as well. In the beginning we share everything said at the meetings, the troubles, we enjoy the taste of the game we have arranged. Over time, memories pile up and the details we share with each other diminish. Hakan summarizes the sentences, begins to fill what he wants to say with dots. After a long period, I notice that I also keep important details about Ceren for myself. There is something about this girl that sets her apart from the others. She is far from the most beautiful girl in school, she is even one of the most ordinary, no one in her class is interested in her. If you have chosen to fall in love with the most beautiful girl in school, then Ceren confronts you as a very inappropriate example.

In practice, it is something like a discovery to be able to talk to someone, to listen to the same groups, to love the same writers, to hear from other things you do not know. This is to discover the richness of a soul hidden behind appearance. I know that when Hakan starts rubbing his nose during a conversation, he has something to hide. Which of us will Ceren fall in love with, who will she look at with shining eyes …?

And when we find out that she is in love, how will we withdraw, looking her in the eyes most calmly, we will become alienated from her and we will enjoy the taste of the feeling stuck in our souls.

The feeling prevails in my soul that both ends of the stick are muddy. If I show more interest in Ceren, if she falls in love with me and I carry out our plan, I will act like a scumbag. If I stop showing interest, the thought that Ceren will fall in love with Hakan takes away my full satisfaction.

On Friday, the three of us go to the park behind the school. Hakan is looking for a listener for his worn-out jokes and does not even look me in the eye. We both try to put some of our smiles on Ceren’s face, we do not look at each other or turn to each other during the conversation. Hakan tries to look happy, but beneath his calm appearance is a ready-made set of sentences waiting for an opportunity; the determination in his eyes says it all. The frosty Ankara wind licks our faces, left speechless. The school bell rings, the gang in the park behind the school takes its place. The cold wind fills our souls, and we listen to its silence. Silence broken by Hakan:

« Ceren, I want to tell you something. Come for a while.”

He stands up suddenly and points with his eyes to the place under the pine. At that moment, the cold wind scorches my soul, and my heartbeats are unable to hear anything else. I also jump in an instant:

– What’s up, bro? Sit here!

« I’ll tell her something special, brother … »

Ceren, firmly buried in the stone on which she sits, looks at us in amazement. When Hakan expresses his intention, I cling to his arm like pliers and drag him to the pine he points to. Hakan is silent for a long time, waiting for me to make the first move to the fight. Without measuring, without cutting, without calculations, I throw him my first idiotic sentence: « Okay, brother, end of the stupid game. We both show interest and leave this false situation. End of the game. Let us leave the girl alone.

I say it in one breath, with a seriousness that I do not expect from myself. Hakan keeps ready-made sentences in his mouth. He looks me calmly in the eye:

« I fell in love with Ceren, brother, and I plan to explain myself to her, and you can leave the game. »

I hear what I expect, but I need time to explain it to the warts in my heart. I act unexpectedly, punching Hakan in the eye.

« I’m in love with her, too, little one, me too! » And you’re a scumbag, brother, a lowly guy who takes the opportunity!

Hakan also slapped me with the words:

« You’re a scoundrel, little one, scoundrel! » If I hadn’t come today, you would have seduced the girl.

We fight in the park behind the school, we wage a real war, blood flows from our mouths and noses, we shout curses, we roll in the dust, trying to portray our love. We reach a state in which we no longer have enough air and cannot raise our heads from the blows we have received. Ceren is not on the rock we were sitting on a while ago. We both see the empty stone and our breath catches the cold air. The clouds greet us. Hakan turns his head in the direction of the rising voices of the gang of bear-like sophomores. I rub the blood running down my nose and look there too. The evening sun casts a shadow on Ceren’s face, she is at the centre of the company. She holds a cigarette in her hand, and her gaze has an unfamiliar expression. Maybe at this point we want to see just that. She releases her smile along with the smoke she inhales and cannot keep it in the dimples on her cheeks. Hakan stares as startled as I do as the blood from his nose falls on my neck.

« Brother, she smokes … »

Ceren smokes a cigarette, and he drives through the park behind the school, and she looks at us with a dazed look. The blood from my nose stops:

« Brother, she smokes … »

Both Hakan and I start laughing. We giggle, look at each other and point to the places where we hit each other. Tears flow from our eyes, we slap each other on the shoulders, shout at each other and laugh.

« Brother, she smokes … »

Thanks: Engin Akyürek appreciation group

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