Analyse de Josette Guigui, 01.02.2024

Le livre d’Engin « SILENCE » continue sa route à travers le monde (traduit en plusieurs langues ) avec un grand succès et je ne peux résister à l’envie d’en parler.. C’est un livre de nouvelles ; ce genre littéraire qui date du 14eme siècle ( créé par l’italien Boccace) nécessite un travail très précis de l’écrivain . En effet la nouvelle est un court récit plus ou moins fictif mais qui fait toujours appel à la réalité et surtout qui doit comporter une chute significative.

Engin a magistralement respecté les règles : chaque nouvelle prend toute sa signification à la lecture de la dernière phrase.

L’écriture à la 1ère personne donne une connotation autobiographique à ses récits. Sa présence est si forte dans ces récits que nous avons l’impression de le voir en héros de certaines nouvelles. Quand je lis « Le Cerisier » j’ai l’impression de voir Engin (le jeune Sancar) dans les oliviers lisant les lettres de Nare .

Nous retrouvons au fil des chapitres des traits de caractère qui nous ont frappées dans ses interviewes ou ses actions : la sensibilité, ĺa solidarité, l’empathie, la compassion, un grand respect de l’amitié, l’amour ( je ne cite pas d’exemples pour ne pas spoiler vous les retrouverez à la lecture).

Nous connaissons l’amour d’Engin pour les chats : ils sont présents dans le livre et Sefa apparaît dans le dernier chapitre qui lui est consacré.

Ces récits sont remplis de nostalgie, d’émotion, de pittoresque aussi dans les portraits des personnages, dans la richesse des images et des comparaisons ( j’ai remarqué la comparaison originale et typiquement turque entre l’amour et le thé page 48) j’en ai relevé une autre qui m’a profondément émue : « on partage parfois ce que cache une phrase ou un mot lancé spontanément comme on partagerait une miche de pain ou un chagrin. »(Chap. : Salut); J’ai revu Omer perdu dans les nimbes de l’alcool disant à Elif qu’il voyait « une forêt dans ses yeux » quand j’ai lu le titre du chapitre « ses yeux sertis de nuages »;

J’ai été frappée aussi par des similitudes entre certaines situations évoquées dans ces nouvelles et des séquences des films d’Engin. Par exemple l’échange de lettres avec sa correspondante m’a rappelé les lettres de Sancar et Nare (Salut); l’épisode des billes m’a rappelé la scène émouvante du sac de billes que Sancar a conservé , témoignage de son amitié avec Gediz; la scène au restaurant ( Une Nuit) m’a rappelé la scène agitée entre Élif, Omer et Levent. L’allusion à Pinocchio ( Comme un sourire) rappelle le cadeau de Omer à Élif lorsqu’ils sont à Rome.

Ces récits sont remplis de la nostalgie du monde merveilleux de l’enfance, des amours éphémères de l’adolescence, du rêve, et surtout on y retrouve ce qui tient à cœur à Engin : les valeurs humanistes.

La nouvelle qui m’a le plus émue est celle de la vielle dame.

Quand on lit ces récits on a tous nos sens en éveil tant l’évocation est réelle et précise et je citerai par exemple cette phrase « Lorsqu’on ouvre la boîte des souvenirs, le monde se transforme instantanément en une gigantesque marmite de parfums »

Et pour conclure une citation qui illustre tant de photos que nous diffusons avec l’irrésistible sourire d’Engin  » J’avais commencé à collecter les sourires sur les visages que j’aimais. Parfois dans la fossette d’une amante, parfois dans la main tendue d’un ami, mais surtout, dans mon propre visage rieur, lorsqu’il se reflétait dans un miroir ».

Certes on pourrait encore développer cette analyse mais chacune se fera une idée en lisant ou relisant ce livre qui ne laisse pas le lecteur indifférent.Et alors nous pourrons essayer d’expliquer ce titre « SILENCE ».Je ne peux le faire maintenant car je dévoilerai l’essence même du livre. Ce n’est pas le but. Le but est de vous donner envie de lire le livre en suscitant votre intérêt et votre curiosité !

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